Notre lettre 265 publiée le 14 janvier 2011

DE NOUVEAUX EXEMPLES DE LA RICHESSE DIOCÉSAINE TOULONNAISE

Dans notre lettre n°261, nous avons mis en évidence des “Missionnaires très Summorum Pontificum” en présentant la communauté conduite par l'abbé Fabrice Loiseau à Toulon. Cette lettre nous a valu de nombreux encouragements et quelques suggestions, comme celle de considérer qu'il existe dans le diocèse de Toulon d'autres communautés dynamiques dont certaines, à l'image des Chanoines de Kenty dont nous avons récemment parlé (voir lettre de Paix Liturgique n°260), sont ouvertes à la célébration des deux formes du rite romain.
 
 
a) Les Servi Jesu et Mariae


 
La première des communautés qui nous a été signalée est celle des Servi Jesu et Mariae (http://www.sjm-congregation.org) (Serviteurs de Jésus et Marie à ne pas confondre avec les très sympathiques frères d'Ourscamp). D'origine germanique – née en Allemagne, la communauté est désormais résidente en Autriche –, les SJM comptent une trentaine de prêtres et une dizaine de séminaristes. En 2008, Mgr Schneider (Voir lettre de Paix Liturgique n° 249, 250 et 251) a ordonné trois de ses prêtres selon la forme ordinaire célébrée ad orientem et en latin, témoignant ainsi de “l'amour pour la liturgie romaine dans sa forme ordinaire comme dans sa forme extraordinaire” manifesté par cet institut.
 
À Toulon, où ils desservent la paroisse Saint Pie X, située aux abords du centre historique, les Servi Jesu et Mariae n'ont cependant pas encore franchi le cap du “biformalisme” de fait, même s’ils y sont tout à fait favorables dans le principe. En effet, s'ils sont appréciés pour célébrer dignement la forme ordinaire, usant exclusivement du canon romain, les deux prêtres présents dans la paroisse n'y proposent cependant pas encore la liturgie traditionnelle à leurs fidèles.
 
Gageons cependant que dans un diocèse aussi ouvert que celui de Toulon, ils devraient à moyen terme offrir les deux formes de l'unique rite romain, comme c'est en principe la norme au sein de leur communauté. D'autant plus que, selon un des témoignages qui nous est parvenu, ils en usent volontiers pour la célébration de leurs messes privées...
 
 
b) Les Frères et Sœurs de la Mission
 
S'inscrivant encore plus ouvertement dans la vague du Motu Proprio, les Frères et Sœurs de la Mission des pères Blin et Horovitz, ont eux aussi trouvé leur place dans le diocèse de Fréjus-Toulon.
 
C'est en juillet 2008 que Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, a accueilli les Frères et Sœurs de la Mission, en la personne des pères Hubert Blin et Olivier Horovitz. Tous deux originaires du diocèse de Paris, les pères Blin et Horovitz désiraient alors développer un institut composé de prêtres et de frères menant une vraie vie religieuse inspirée de la règle des religieux de saint Vincent de Paul. Se voyant confier par Mgr Rey les paroisses de Carqueiranne et du Pradet, communes voisines du littoral varois, avoisinant chacune les dix mille habitants, les pères Blin et Horovitz, bien que naturellement très pris par leur charge paroissiale, se sont rapidement appliqués à mettre en pratique leur projet.
 
« L'engagement pris envers Mgr Rey, explique le père Blin, était de faire de nos paroisses des foyers ardents de vie chrétienne, en y observant les deux formes du rite romain et en y favorisant les dévotions populaires. » Dans cet esprit d'enrichissement mutuel des deux formes du rite, la liturgie traditionnelle est célébrée en semaine à Carqueiranne tandis qu'au Pradet, comme nous l'avons souligné dans notre lettre n°252, elle a trouvé sa place sans difficulté le dimanche à 11h30.
 
L'autre caractéristique majeure des Frères et Sœurs de la Mission, c'est leur souci de l'évangélisation de la jeunesse. « Dès notre arrivée, raconte en effet le père Blin, nous annoncions la fondation d’œuvres de jeunesse, et très spécialement de patronages non mixtes, sur le modèle des patronages des Religieux de Saint-Vincent de Paul. » De fait, le 2 septembre 2009, le patronage Saint-Joseph ouvrait ses portes aux garçons des deux paroisses. Installé dans la salle paroissiale du Pradet, il accueille chaque mercredi une trentaine de garçons âgés de 6 à 17 ans pour environ quatre-vingts inscrits.
 
En mai 2010, c'est un patronage pour jeunes filles qui a vu le jour à Carqueiranne, placé sous la protection de la sainte Vierge. Il a lieu le samedi et rencontre lui aussi un vif succès. Les activités des patronages alternent prière, « causeries » des prêtres, sport et jeux d'adresse ou de société, activités manuelles et sorties culturelles, les enfants disposant d'un temps en fin d'après-midi pour se confesser ou rencontrer individuellement un des prêtres.
 
Voici comment le père Blin justifie la création de ces patronages : « Aujourd’hui plus que jamais, le patronage est une œuvre de miséricorde, tant l’enfance et la jeunesse ont besoin d’éducation humaine et d’instruction religieuse. À l’heure où la fréquentation du catéchisme ne cesse de décroître, au point de disparaître dans de nombreuses paroisses, alors qu'il est une institution de chrétienté, le patronage est l’une des rares réponses missionnaires pour joindre les enfants et les familles, notamment de milieux populaires. Si l’Église n’occupe pas ni n’évangélise les loisirs, le sport et certaines disciplines artistiques comme la musique, si, en outre, elle n’offre pas, dans une même structure d’accueil catholique, le service du soutien scolaire, voire de l’orthophonie, elle perdra le monde des enfants et des jeunes. Pour cela le patronage, animé par des religieux totalement donnés et assistés de laïcs militants, ouvert tous les jours, est sans doute la seule réponse à cet immense défi contemporain. Cette œuvre missionnaire doit viser l’autonomie en moyens pédagogiques et matériels, être en phase avec la législation et offrir le maximum de compétences et de diplômes chez ses animateurs. »
 
Pour le père Blin, « le patronage doit chercher à devenir pour les enfants, dans le cadre paroissial et si possible en liaison avec un lieu d'enseignement catholique, un lieu de vie, comme une seconde famille ».
 

Le Père Antoine Chevrier


Ce souci de la jeunesse chez les Frères et Sœurs de la Mission leur vient de leur saint patron, le bienheureux Antoine Chevrier (1826-1879), prêtre lyonnais, fondateur de l’Institut du Prado et entièrement dévoué au catéchisme des enfants. « Parmi toutes les facettes de la personnalité du bienheureux Antoine Chevrier, certaines sont particulièrement d’actualité, justifie le père Blin. Il y a d’abord la simplicité de vie, et cela dans l’imitation la plus concrète de Jésus et de son Évangile. Il y a aussi, à l’intérieur du ministère sacerdotal, le plus grand soin apporté au catéchisme des enfants et aux œuvres de jeunesse. »
 
De la même façon que le père Chevrier avait quitté la cité ouvrière de l'Enfant Jésus au motif que les œuvres sociales y prenaient le pas sur le soin de l'âme des enfants, les pères Blin et Horovitz n'ont pas souhaité rejoindre une communauté existante s'inspirant de l'exemple du père Chevrier car ils n'y retrouvaient ni la primauté du catéchisme pour enfants ni celle de la vie religieuse. « Nous avons en effet la conviction, poursuit le père Blin, que seule la vie religieuse, celle des trois vœux de pauvreté, d’obéissance et de chasteté, dans la vie communautaire et toutes les traditions éprouvées, seule la vie religieuse est à la hauteur de cette tâche. »
 
L’amour de Jésus et de l'Évangile, la simplicité de vie, le catéchisme et le patronage, les dévotions populaires, le tout réalisé en communauté et en paroisse, voilà en résumé les objectifs spirituels et missionnaires que les Frères et Sœurs de la Mission poursuivent. Pour cela, comme pour tout le reste, ils ne cherchent aucune originalité, ni en théologie, ni en spiritualité, ni en vie religieuse, ni en apostolat. Ils ne veulent, insiste le père Blin, « que recevoir, reprendre, poursuivre, dans l’obéissance au Pape et à notre évêque, les accents théologiques et spirituels, les méthodes, les coutumes, les intuitions et les dévotions du père Chevrier ».
 
Actuellement, les Frères et Sœurs de la Mission comptent deux prêtres, un « regardant » et une douzaine de laïcs réunis dans un tiers-ordre, la Confrérie du Cœur Immaculé de Marie. Pris par la vie de paroisse et le lancement des patronages, les pères Blin et Horovitz ont eu jusqu'ici peu de temps pour se consacrer au développement de leur institut, en assurer la promotion et attirer à eux des vocations. L'année à venir devrait leur permettre de le faire, maintenant que la phase d'acclimatation à leurs nouvelles paroisses est derrière eux.
 
Laissons toutefois le dernier mot sur cette communauté naissante au bienheureux Antoine Chevrier, cité par le père Blin : « Connaître Jésus-Christ, aimer Jésus-Christ, imiter Jésus-Christ, suivre Jésus-Christ, voilà tout notre désir, voilà toute notre vie ! »
 

 
LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
 

1) Chaque semaine, nous recevons des dizaines de commentaires et réflexions de lecteurs que nous utilisons à vrai dire fort peu, tout simplement faute de temps. Toutefois, vos informations, critiques ou suggestions finissent toujours par trouver un écho dans l'une ou l'autre de nos lettres, en nous incitant à creuser ici plutôt que là ou à mettre l'accent sur tel sujet plutôt que sur tel autre. C'est en particulier le cas cette semaine car, si nous connaissions le projet des pères Blin et Horovitz notamment parce que ces deux prêtres ont eu à subir les courroux diocésains à Paris pour avoir osé répondre favorablement au motu proprio Summorum Pontificum, nous n'avions encore jamais eu l'idée de le présenter dans le détail. Quant aux Servi Jesu et Mariae, nous avions entendu parler d'eux mais sans savoir qu'ils étaient présents à Toulon. Merci donc à vous, lecteurs, pour la lecture attentive que vous faites de nos lettres.
 
2) L'esprit de « mission » au service de la « nouvelle évangélisation » voulue par le Saint Père : au-delà des Frères et Sœurs de la « Mission » et des « Missionnaires » de la Miséricorde divine (MMD) de l'abbé Loiseau, c'est tout le diocèse de Fréjus-Toulon qui est marqué par cette exigence. L'appartenance de Mgr Rey à la Communauté de l'Emmanuel est sans doute pour beaucoup dans cette orientation forte du diocèse. Cependant, il est notable que les communautés Summorum Pontificum du diocèse portent elles aussi de manière ostensible cette vocation missionnaire. La liturgie traditionnelle non seulement n'est donc en rien un obstacle à la nouvelle évangélisation mais, les fruits le prouvent, elle a la capacité d’en devenir le fer de lance, que ce soit en direction des musulmans (MMD) ou des enfants (pères Blin et Horovitz). Cela ne nous surprend pas et répond parfaitement aux espérances de Benoît XVI. C'est même un fait incontestable qui mérite d'être martelé pour ceux qui pensent encore que « messe en latin » = « retour en arrière ». Bien au contraire, la liturgie traditionnelle, dans le cadre nouveau créé par le motu proprio, est un élément de dynamisme paroissial et même, comme c'est le cas à Toulon, diocésain.

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