Notre lettre 1221 publiée le 12 juin 2025
LA FEUILLE DE ROUTE
DE MGR TOUVET :
QUE FRÉJUS-TOULON
DEVIENNENT COMME
CHALONS-EN-CHAMPAGNE
C'EST À DIRE LE NÉANT
En novembre 2023, Mgr Touvet, quittait le diocèse de Châlons-en-Champagne, terre sèche en vocations, en ordinations, en communautés dynamiques, pour arriver comme coadjuteur dans le (trop) fécond diocèse de Fréjus-Toulon, (trop) riche en vocations, en ordinations, en communautés missionnaires.
Il promettait de ne pas se laisser instrumentaliser contre Mgr Rey, alors évêque. Un an et demi plus tard, alors que le coucou qui a poussé l’évêque hors du nid, ainsi que divers oisillons, sous couvert de « normaliser » le diocèse, qui serait prétendument « divisé », renouvelait cette promesse lors de la messe d’action de grâce de Mgr Rey à la Castille, en février 2025, la confusion demeure à tous les étages, puisque Mgr Touvet fait souvent le contraire de ce qu’il dit, est pris sur le fait, dément et recommence de nouveau.
Renaissance Catholique narrait la séance de vœux des deux évêques – Mgr Rey encore présent et Mgr Touvet, le 8 janvier 2025, qu’on pourrait résumer par le proverbe slave suivant : « deux pistolets sont à l’étroit dans le même holster ». Dans la foule des prêtres, « l’ancien vicaire général Mgr Molinas, et ancien directeur du séminaire », fit une intervention remarquée : « il a affirmé que ceux qui disaient que le diocèse était divisé mentaient et qu’il ne fallait pas « nous prendre pour des cons ou des canards «. « Certains ont de la merde à leurs chaussures » a- t- il proclamé avec force, loin de la langue de buis habituelle. Il fut longuement applaudi ».
Lors des ordinations – les premières depuis de longues années, les séminaristes étant tenus en otage sur décision de Rome – à la Castille, en juin 2024, Mgr Touvet s’était pourtant payé de belles paroles sur le partage des rôles avec Mgr Rey : « Je tiens à saluer fraternellement mon frère Dominique, évêque du diocèse, et à le remercier pour son acceptation humble de me laisser présider cette ordination. Nous portons ensemble la charge pastorale de notre beau diocèse. Les figures de Pierre et Paul sont pour nous, évêques, des colonnes, des points d’appui et d’enracinement pour notre mission de successeurs des apôtres. D’aucuns pourraient tenter une analogie avec les 2 évêques de Fréjus-Toulon, l’un plus comme Pierre et l’autre plus comme Paul. Mais sachez-le bien, les deux puisent leur dynamisme pastoral et missionnaire en Pierre et en Paul, sans distinction et sans opposition. Chaque évêque s’appuie sur Pierre pour son attachement au Siège Apostolique, sa fidélité à la Tradition de l’Église, son obéissance au Magistère. Et chaque évêque s’appuie sur Paul pour trouver l’audace missionnaire, la puissance de la prédication, la visite des communautés ».
Et ce alors qu’une bonne partie de l’assistance savait que Mgr Touvet avait hérité tout simplement de la gestion opérationnelle du diocèse, y compris des cérémonies d’ordinations, alors qu’à Mgr Rey restaient la bénédiction des chrysanthèmes, quelques messes, des fonctions purement honorifiques et des éditoriaux enflammés. C’était bien la peine de faire cette lyrique envolée qui témoignait surtout d’une volonté délibérée de rester dans l’ambigüité… et d’y maintenir les fidèles et surtout les prêtres.
Chantage sur les ordinations, épisode 1 : laissez parler les petits papiers
Dès l’automne 2024, les assurances et les belles paroles données par Mgr Touvet ont volé en éclats avec un peu digne chantage à l’ordination, fait auprès des séminaristes du diocèse. Comme le rappelait à l’époque l’Union lex orandi : « Mgr Touvet a fait signer à un futur diacre, cinq jours avant son ordination, selon le nouveau rituel mais en latin et dos au peuple, à la paroisse St Pie X de Toulon le 21 septembre dernier, un document dans lequel l’abbé [en question] s’engageait à ne célébrer la messe que selon le missel de Paul VI, à ne donner les sacrements que selon le rite réformé et à n’utiliser que le bréviaire actuel. Il lui était également interdit de reprendre dans la liturgie conciliaire des éléments de l’ancien rite, soit de rajouter des signes de croix ou des génuflexions, voire de réciter le canon en silence. Il était également demandé de ne pas refuser de donner la communion dans la main ». Il a signé, et a été ordonné diacre.
Du coup, Mgr Touvet enhardi dans son abus de pouvoir, a continué auprès d’autres séminaristes, mais cette fois s’est pris la porte sur la mitre : « Ce texte a également été proposé, par la suite, à neuf futurs diacres du diocèse de la part de Mgr Touvet. La réaction de la plupart d’entre eux a été très négative, ceux-ci dénonçant un abus de pouvoir. Mgr Touvet qui était venu avec le texte à distribuer est reparti avec ses exemplaires en disant que le sujet avait besoin d’être retravaillé. On a connu des actes de management plus éclatants et couronnés de succès plus manifestes ! Les séminaristes furent, à bon droit, scandalisés et si, comme l’affirme un grand classique des séminaires d’entreprise sur le management : « Le pouvoir se reçoit. L’autorité se construit. La légitimité se voit dans le regard des autres », Mgr Touvet a dû observer d’étranges et incrédules lueurs dans le regard de ses jeunes lévites. Quelqu’un pourrait-il expliquer à Mgr Touvet qu’un séminaire n’est pas l’école des Fusiliers et qu’un séminariste n’est pas un quartier-maître, fut-il chef ? »
De fait, et « en même temps », Mgr Touvet envoyait aussi des consignes aux prêtres nouvellement nommés : « en outre, plusieurs nouveaux curés du diocèse ont reçu, à la rentrée, une lettre de nomination leur demandant de ne pas célébrer la messe uniquement dos au peuple, de ne pas utiliser l’offertoire de la messe tridentine, ni exclusivement le canon N° 1, dit romain, du Novus ordo ». Face à l’opposition du conseil presbytéral et le tollé de l’affaire du chantage aux ordinations, « Mgr Touvet apparaît, ainsi, très gêné pour assumer cette histoire et très embarrassé dans ses réponses », relevait encore l’Union Lex Orandi à l’automne dernier. Mgr Touvet n’a pas du entendre parler de la formule est est non non. Du coup, l’affaire a été plus ou moins étouffée, et les petits papiers non présentés aux diacres.
Chantage aux ordinations épisode 2 : un ordre verbal, pas de traces, pas de problèmes ?
Pourtant, ce qui s’est passé n’est en rien un accident de parcours. En mai 2025, alors que le diocèse de Fréjus-Toulon publie les noms des dix séminaristes qui seront ordonnés en nouvel ordo au domaine de la Castille, le 29 juin prochain, une autre information nous parvient en même temps, par plusieurs sources : ces séminaristes se seraient vu intimer l’ordre de ne jamais célébrer en rite tridentin, ni à Fréjus-Toulon, ni ailleurs. Ordre donné par oral, quelques semaines avant de décider qui sera ordonné.
Évidemment, étant en position de choisir qui sera ordonné ou non, Mgr Touvet n’a guère laissé la liberté de choix aux séminaristes concernés. Dont il exige la parole, en surjouant le lien paternel et fraternel entre l’évêque et ses prêtres.
Chantage aux ordinations épisode 3 : encore six ordinations suspendues
Et ce n’est pas fini ! Mgr Touvet a encore six prêtres à ordonner, tous en rite tridentin - il s’agit des six diacres des missionnaires de la Miséricorde, ordonnés l’an dernier après d’interminables tractations et un demi-arrangement, messe traditionnelle et nouveau rite d’ordination.
Mais pour les ordinations presbytérales, les difficultés reprennent – et Mgr Touvet assure tout faire pour qu’elles aboutissent, alors qu’il est une fois de plus la courroie de transmission fidèle de ceux qui, à Rome et ailleurs, désirent la destruction systématique de l’œuvre de Mgr Rey et de son prédécesseur Mgr Madec, auxquels Rome encore, il y a des décennies, se réjouissait de cet accueil large et généreux, des charismatiques aux traditionnels, pour leur donner une place dans l’Église, faisant du séminaire de la Castille une maison où cohabitaient paisiblement de jeunes lévites en jean et d’autres en soutane.
Ainsi, pas d’ordination dans le rite tridentin, et pas d’autorisation de célébrer dans le rite tridentin pour les nouveaux prêtres, alors que l’une et l’autre figurent dans les constitutions des Missionnaires de la Miséricorde… et leurs statuts, ce que Mgr Touvet reconnaît lui-même en amont des ordinations diaconales : « les statuts de cette communauté indiquent l’utilisation pour les prêtres et diacres des livres liturgiques d’avant le concile. »
A ce jour, la situation semble toujours bloquée pour ces six infortunés futurs prêtres.
De l’art de vider les séminaires
Du reste, Mgr Touvet aime parler. Et s’écouter parler. Ce qui peut être révélateur. Ainsi, le 29 mai 2024 il prononce une homélie pour les quarante ans du séminaire de la Castille, en présence de Mgr Rey, où il lui rend hommage ainsi qu’à Mgr Madec : « c’est l’anniversaire d’un « acte courageux, prophétique et fécond », selon les mots de Mgr Rey dans l’éditorial de EFT n°179 de novembre 2013 : la décision en 1983 de Mgr Madec, notre prédécesseur à tous les deux, qui ouvrit la propédeutique puis le séminaire, au cœur d’une époque encore bien trouble pour les séminaires français. En 1984, Dominique, tu étais alors ordonné prêtre à Paris, et j’entrai au séminaire à Paray-le-Monial à l’issue de la propédeutique intégrée – Paray, une institution issue elle aussi d’un acte courageux, prophétique et fécond dans les années 70 encore plus confuses ».
Et de continuer, toujours plus lyrique, après une première ambiguïté sur « les années mouvementées » que le diocèse vient de connaître : « nous voulons rendre grâce pour les évêques qui ont veillé avec soin sur ce que le concile appelle « le cœur du diocèse » Le cœur n’a pas cessé de battre, il y a eu quelques palpitations ou arythmies, mais le cœur bat toujours. C’est un formidable travail évangélique et ecclésial qui a permis la pérennisation de cette œuvre magnifique depuis sa fondation en 1923 et sa renaissance en 1984. N’étant pas personnellement issu de La Castille, mais si merveilleusement adopté par l’équipe actuelle et par les séminaristes, je suis témoin de tout le travail accompli, dans la continuité et l’adaptation aux circonstances, selon 4 axes que me rappelait le père Arnaud Adrien cet hiver : la vie intérieure, la fidélité doctrinale, la dimension missionnaire, la communion des différentes sensibilités. Des dizaines de prêtres ont été ordonnés depuis 40 ans. Rendons grâce ».
On pourrait croire qu’il a compris et qu’il s’inscrit dans l’histoire du diocèse de Fréjus-Toulon des dernières décennies, dont il serait le continuateur. Et non ! quelques lignes plus loin, la girouette tourne à 180 degrés, et chante sur l’air « du passé, faisons table rase », le programme pour les années à venir du séminaire de la Castille. Ou de ses ruines : « La générosité ne suffit pas pour devenir prêtre, ni même la sainteté, mais les aptitudes au ministère doivent être vérifiées avec amour et vérité. L’évêque en est le responsable, mais il ne le fait pas seul, sur un coup de tête ou un coup de cœur. Il s’appuie sur les avis des formateurs, tant au séminaire qu’en paroisse. Et nous savons que l’ordination n’est pas un dû, ni l’octroi d’un statut. Il s’agit de vérifier le mieux possible si le désir du séminariste est un appel du Seigneur ou non. Notre objectif n’est pas le nombre qui risquerait de faire illusion ». En clair, traduit du Touvet en français, les dizaines d’ordinations, c’est fini.
Et il continue : « Le séminaire n’a pas pour vocation à former des pasteurs comme aux temps florissants où tout le village venait à la messe du Dimanche et faisait ses Pâques, ni à former des moines ou des sacristains, ni même des champions de France de foot des séminaires – ils ont gagné la coupe samedi à Évron ! – mais des prêtres missionnaires, des apôtres envoyés tels des agneaux au milieu des loups dans un monde païen. Nous ne sommes plus en chrétienté ». Discours mille fois entendu depuis le Concile….
Et de citer ensuite le Pape François – dont le pontificat s’est traduit, dans le monde entier, par un désamour des prêtres par les institutions ecclésiastiques, mais aussi une accélération de la déchristianisation et un tarissement des vocations – qui « met en garde contre […] l’Église bureau de douane ». Et une fois de plus, Mgr Touvet est pris en flagrant délit de double discours, alors qu’il a refusé ceux qui ont frappé l’an dernier à la porte du séminaire de la Castille… sous prétexte qu’ils ne venaient pas du Var !
Les évêques ne sont-ils pas « de bons pasteurs connaissant leurs brebis et que leurs brebis connaissent » ?
Le rôle des évêques est précisé par le Concile Vatican II : « Les évêques, eux aussi, établis par le Saint-Esprit, succèdent aux Apôtres, comme pasteurs des âmes : ils ont été envoyés pour assurer, en union avec le Souverain Pontife et sous son autorité, la pérennité de l’œuvre du Christ, Pasteur éternel [4]. Car le Christ a donné aux Apôtres et à leurs successeurs l’ordre et le pouvoir d’enseigner toutes les nations, de sanctifier les hommes dans la vérité et de guider le troupeau […]Chaque évêque, à qui a été confié le soin d’une Église particulière paît ses brebis au nom du Seigneur, sous l’autorité du Souverain Pontife, à titre de pasteur propre, ordinaire et immédiat, exerçant à leur égard la charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner […]
Dans l’exercice de leur charge de pères et de pasteurs, que les évêques soient au milieu de leur peuple comme ceux qui servent, de bons pasteurs connaissant leurs brebis et que leurs brebis connaissent, de vrais pères qui s’imposent par leur esprit d’amour et de dévouement envers tous et dont l’autorité reçue d’en haut rencontre une adhésion unanime et reconnaissante. Ils rassembleront et formeront toute la grande famille de leur troupeau, en sorte que tous, conscients de leurs devoirs, vivent et agissent dans une communion de charité ».