Notre lettre 1211 publiée le 22 mai 2025

À VALENCE LES FIDÈLES

SONT INDIGNÉS

PAR LE CLÉRICALISME ÉPISCOPAL

QUI DECIDE DE LEUR SORT

AVANT MEME DE LES RENCONTRER

EN EFFET, COMME À QUIMPER OU À GRENOBLE
A VALENCE
LES LAÏCS N'EXISTENT PAS
POUR DES PASTEURS CLÉRICAUX
D'ANCIEN RÉGIME

Les grands discours du pontificat précédent sur la synodalité et l'abandon du cléricalisme ne sont visiblement restés que des paroles qui volent. De feu le pape François certains évêques n'ont retenu que la méfiance, sinon la haine, pour la messe tridentine.

Dans le cas de Valence et Montélimar, le peuple de Dieu n'aura été ni consulté, ni entendu – l'évêque a fait ses annonces, concernant le remplacement de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (FSSP) par des prêtres diocésains pour assurer la messe dominicale en rite tridentin – et elle seule, ainsi que la suppression des messes de semaine, des activités pastorales des deux dessertes, des catéchismes et des sacrements, une semaine avant un rendez-vous avec les fidèles pour discuter justement du sujet – comme l'indique leur communiqué, paru le 18 mai 2025 : « nous avons été assurés que l'évêque souhaitait organiser une rencontre afin d'échanger sur l'avenir de cet apostolat dans la Drôme. Les annonces officielles nous sont donc parvenues publiquement avant même que nous puissions honorer un rendez-vous pris en amont pour discuter de l'avenir de nos communautés » .

Et après que l'évêque ait reçu la FSSP seule – la décision aura été prise entre clercs, sans aucune considération des fidèles concernés, ignorés, trahis et considérés comme bien peu de choses. On est bien loin des ambitions synodales d'écouter « le peuple de Dieu », ou la base des fidèles.

Mais comme on est en 2025, et que le fait du prince, comme l'arbitraire, ont du mal à passer, les fidèles réagissent sur la page Facebook de l'évêché de Valence, en-dessous du post qui annonce les décisions de l'évêque : « choquée et surtout très triste de cette décision. Notre famille était attachée à l'abbé Stemler [le desservant actuel de la FSSP] et nous tenions sincèrement à ce que le baptême de notre bébé en septembre soit célébré par lui. Atterrée et en plein désarroi face à cette décision », écrit ainsi une mère de famille.

Une autre fidèle constate que visiblement, pour l'évêque de Valence – et ceux qui l'ont conseillé ? - le changement de pontificat et d'ambiance n'a pas été acté : « pourquoi tant de haine et de violences à l'intérieur même de l'Eglise ? Quelle immense tristesse et quel gâchis. Et quelle image de division cela donne, où est la paix demandée par Léon XIV ? »

Du reste, quelle est la crédibilité d'une institution, pour une population générale non pratiquante à plus de 90%, qui non contente d'être mise en cause au quotidien pour les abus du passé – et n'être toujours pas en mesure d'assurer la transparence sur le sujet – se livre publiquement et régulièrement aux persécutions contre ses propres fidèles... un peu différents, et auxquels on reproche, finalement, d'être nombreux et jeunes ? Tout en prêchant, évidemment, la tolérance, l'ouverture et « l'accueil inconditionnel ».

Une fois de plus ; « l'unité » dévoyée

Une autre fidèle constate que « l'unité » voulue par le nouvel évêque de Valence est « un prétexte vague pour exclure une communauté pourtant tout aussi catholique qu'une autre, stable et fidèle à l'Eglise. Le vernis d'unité, de consultation et de gratitude de cette annonce peine à masquer l'autoritarisme pastoral qui se cache derrière. Nous voulons transmettre à M. l'abbé ainsi congédié de vrais et profonds remerciements pour les fruits de son ministère à Valence, pour sa fidélité et son obéissance Qu'il doit être difficile de porter sa croix au sein même de l'Eglise ».

Un autre fidèle relève le caractère problématique de la justification de « l'unité de la paroisse » : « les fidèles de Notre-Dame [de Valence] n'en font donc pas pleinement partie ? L'apostolat des prêtres de la FSSP a pourtant porté de si beaux fruits. Je me souviens, il y avait 15-20 personnes le dimanche à la messe il y a douze ans, tout au début. Aujourd'hui, Notre-Dame est remplie de personnes venant de tous horizons et une vraie vie fraternelle s'est développée au fil du temps. Une communauté pieuse qui unit, qui grandit... ».

Et il poursuit : « les sentiments qui dominent sont d'une part une profonde tristesse et d'autre part l'incompréhension, car nous, fidèles à Notre-Dame comme les fidèles de toutes les églises de la paroisse saint Emilien [paroisse cathédrale de Valence] aimons Jésus Christ, l'Eglise et ses pasteurs. Incompréhension car ''nous'' attendons d'eux qu'ils soient unis avec nous, et nous soutiennent dans la Foi comme nous les soutenons dans leur ministère, dans un monde si divisé et si hostile à Dieu et à ses prêtres. Ne sommes nous pa tous unis, pasteurs et laïcs, dans cette entreprise divine, qui est celle du Christ, malgré nos charismes et nos sensibilités propres ? N'est-ce-pas plutôt cette unité dans la Foi que le Christ exige de nous ? ».

Des fidèles traités comme des gens de peu, presque licenciés par SMS ?

Il s'étonne aussi de la brutalité assumée de la gestion des fidèles tridentins par l'évêché : « je pense à toutes les personnes qui sans exception se sont données avec abnégation, se sont engagées depuis des années dans la vie de cette communauté par amour de Dieu (et rien d'autre) : service d'autel, entretien de l'église, chorale, […] C'est une décision qui, humainement est très douloureuse à vivre, car perçue comme brutale et profondément imméritée. Ce genre de nouvelles est de surcroit assez négligemment annoncé par le biais des réseaux sociaux et d'internet ».

La prochaine fois, on maltraitera les fidèles et leur prêtre par SMS ? Comme le constate un autre fidèle « il semble que les fidèles de la FSSP aient appris ces dispositions par Facebook. La sensibilité sociale de l'évêque ne manquera certainement pas de s'émouvoir s'il apprend qu'un employeur annonce leur licenciement à ses salariés par SMS. Qu'il se souvienne alors qu'il n'a pas fait mieux ». Merci patron, version duché du Valentinois...

Comme le déplore justement une fidèle, « c'est tellement triste d'apprendre ce qui nous attend via Facebook ». Mais c'est probablement au niveau des pasteurs d'aujourd'hui, qui préfèrent égarer le troupeau – ou l'envoyer à la FSSPX, qui a une chapelle à Chantemerle-les-Blés, à une vingtaine de kilomètres de Valence. Loin des yeux et du cœur... et dans l'espoir assumé que ceux qui refuseront de faire le déplacement ou de quitter remonteront les effectifs de la paroisse cathédrale, contraints et forcés. Et continueront, battus et contents, de donner au denier du culte – « l'unité de la paroisse » se fera évidemment sur leur dos.

Un fidèle constate aussi l'intitulé un brin hypocrite du communiqué de l'évêché : « évolution de la collaboration du diocèse de Valence avec la FSSP alors qu'on annonce son éviction : est-ce du cynisme ? ».

Trop de prêtres à Valence ?

Sans être dans la situation d'autres diocèses proches, où le relief et le manque de vocations compliquent encore plus la gestion paroissiale, le diocèse de Valence manque aussi de prêtres. Mais visiblement pas pour remplacer les fidèles tridentins, comme le constate une fidèle : « Merci à Monseigneur Durand qui semble déborder de prêtres à ne savoir qu'en faire de nous indiquer un remplaçant à l'abbé Stemler pour accompagner notre groupe de prières /formation en couples Domus Christiani. Visiblement il y a trop de prêtres dans le diocèse, ça ne devrait pas être compliqué. L'abbé Stemler c'est certes un caté bien carré et une église dynamique. Mais il s'est aussi tout le temps donné ici ou là à différentes personnes souvent seules et ça, Monseigneur Durand, je n'ai pas vu la solution de remplacement ».

Mais probablement que tant Domus Christiani que les personnes dans le besoin ne comptent pas dans les logiques cléricales, et il leur sera conseillé – toujours par SMS – d'aller se faire voir à la FSSPX à vingt bornes ou... d'aller se faire voir. Tout en prêchant « l'unité », l'accueil inconditionnel, Fratelli Tutti etc. « Tous, tous, tous », comme disait le pape François, mais pas les périphéries de l'Eglise que sont les personnes isolées, les groupes de prière, les fidèles de la messe tridentine – qu'ils aillent ou non aux messes de la paroisse en nouvel ordo, etc ? « Tous, tous, tous », tous ceux qui sont différents, chassés de leur paroisse sans ménagement et persécutés ?

Comme le constate un autre fidèle, « au-delà d'un rite, c'était un prêtre qui soignait ses paroissiens. Les confessions au pied levé, les visites, les messes. Il visitait un oncle malade isolé de Montéleger régulièrement. Il faisait le catéchisme pour les enfants de l'église. Et d'ailleurs du reste. Le dimanche, cette église est un cœur battant de personnes de tous horizons. Avez vous les moyens de vous passer d'un tel soutien ? Pouvez-vous mettre un curé dans chaque église ? Encore une fois, au delà du rite ! Comment peut-on faire l'unité en se séparant de frères prêtres qui respectaient une obéissance absolue ? ».

« La voix des fidèles n'est tout simplement pas prise en compte » : encore un grand moment de cléricalisme

Dans une autre réaction sur cette même page Facebook de l'évêché, une fidèle déplore la décision de l'évêque : « c'était pour l'instant ce que je trouvais super à Valence, c'est que les fidèles catholiques cohabitaient justement en harmonie, chacun trouvant sa place dans la paroisse selon sa sensibilité et pouvant ainsi vivre sa foi dans la joie grâce à la diversité des propositions proposées. Notre-Dame est pour nous une petite famille chaleureuse et ressourçante au quotidien […] Je suis très déçue et choquée qu'une fois de plus la voix des fidèles ne soit tout simplement pas prise en compte, au profit de l'avis de soi-disant conseils supérieurs nébuleux. J'espère que cette décision unilatérale sera modifiée, car c'est la division que vous allez gagner et non l'unité ».

L'ignorance des fidèles choque même une fidèle de la paroisse cathédrale de Perpignan – donc du nouveau rite, dont les petits-enfants vivent à Valence : « à chaque fois que nous avons assisté à la messe à Notre-Dame, nous avons été impressionnés par le recueillement de tous les fidèles et la profondeur des homélies de l'abbé […] les enfants sont heureux d'aller au catéchisme où ils sont bien formés, contrairement à ma génération où nous n'avons eu aucune formation. Et en même temps on leur apprend aussi à prier et avoir une unité de vie. Avez vous pensé à tous ces enfants et ces jeunes, et ces familles en prenant une telle décision ? ».

Une mère de famille écrit : « ce soir mon fils de 10 ans pleure en apprenant qu'il ne pourra plus se rendre à Notre-Dame pour aller servir la messe de semaine, parce que l'évêque a décidé que c'était mieux ainsi. Dans une France où nous ne sommes plus que 2% de catholiques pratiquants réguliers et où nous manquons cruellement de prêtres, vous ne voyez aucun inconvénient à demander le départ de l'abbé Stemler et donc de la FSSP. Mettez vous fin à une collaboration qui vous dérange car ces prêtres amènent des âmes vers Dieu, grâce à leur apostolat quotidien ? Ne devriez vous pas vous en réjouir en tant qu'évêque ? ''Vous aimer et vous servir'', je crois que ce sont vos mots, Monseigneur ? ».

Et de constater que l'évêque, plutôt que d'être le bon pasteur de tous ses fidèles, quelle que soit leur origine, leur sensibilité et leur rite, a préféré un combat d'un autre temps : « ce combat mené contre les fidèles attachés à la forme extraordinaire est un combat d'une génération révolue qui refuse de voir aujourd'hui que la nouvelle génération va autant au pèlerinage de Chartres qu'aux sessions de l'Emmanuel à Paray-le-Monial. Nous avons tous des sensibilités différentes, et c'est cela qui fait la richesse de l'Eglise ».

Un père de famille écrit, vent debout : « vous pensez nous consoler avec une petite tape sur l'épaule, mais vous savez très bien qu'en expulsant la communauté [FSSP] et en virant l'abbé vous détruisez l'essence même de ce qui nous façonne. Félicitations, je vais devoir expliquer à mes enfants qu'ils n'auront plus de catéchisme sérieux […] J'admire le courage du prêtre que vous allez nommer suite à votre grave décision. Ce n'est pas seulement une question liturgique […] mais l'esprit d'une communauté que vous venez d'anéantir : catéchisme, adoration, visite aux malades, nombreuses conversions, visites aux familles, soutien aux épouses (de militaires) seules avec leurs enfants, vie sacramentelle, groupe de formation pour les couples... […] Vos décisions auront des conséquences sur notre Foi. Et le pansement que vous tentez vainement de coller sur notre plaie ne pourra soulager notre tristesse et notre incompréhension. Rien ne peut justifier tout cela aux yeux de notre Seigneur ».

« A l'aube d'un nouveau Pontificat sous le signe de la Paix, Mgr Durand sort la hache de guerre »

Les appels à la paix du Pape Léon XIV n'ont pas échappé à l'auteur d'une autre réaction, qui résume : « suppression des sacrements, suppression des messes en semaine et des autres offices, suppression du catéchisme parce que sans prêtre pour le faire il disparaîtra, suppression du suivi pastoral des autres groupes de fidèles etc etc.

Bref, tout pour contenter la jalousie des uns et masquer l'échec pastoral des autres. Les fidèles sont mis devant le fait accompli et n'ont jamais été consultés, ni même pris en compte.

A l'aube d'un nouveau Pontificat qui se place sous le signe de la Paix, Mgr Durand n'hésite pas à sortir, lui, la hache de guerre. Qu'il en assume les conséquences ».

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