Paix liturgique

Les sites Riposte Catholique (Maximilien Bernard) et Le salon beige (Michel Janva) relayèrent le dimanche 29 septembre une déclaration de l‘abbé Hubert Bizard. Le vicaire général de la FSSP s’adresse aux membres de la Confraternité Saint Pierre.

Ce document à usage interne a pour contenu, dont les supports cités élargissent l’accès, la souffrance actuelle de la FSSP. La cause en est plurielle. L’épiscopat français maltraite la FSSP, lui tenant la dragée haute au mépris de toute charité. Les diocèses français sont, à des degrés divers, menaçants vis à vis du succès rencontrés par la FSSP. Non, il n’y a là aucun lapsus calami dans la phrase qui précède. Ce n’est pas l’échec de la FSSP qui laisse augurer d’une réaffectation de locaux et de ressources humaines mal employés. C’est l’inverse. L’insolente attractivité des pédagogies traditionnelles de la Foi devient intolérable, moins à l’évêque, du reste, qu’à un clergé d’âge moyen qui, étant au pouvoir, entend jouir sans entrave des pouvoirs qu’il détient. Si certains diocèses montrent que « bouffer du tradi », c’est s’offrir un accélérateur de carrière (Grenoble/Toulouse), d’autres traversent une crise interne, de stérilité notamment, dont les tradis, et la FSSP, se voient imputer la responsabilité (Quimper). Comme le disait François Mitterrand, « A quoi sert-il d’avoir raison si l’on n’est pas au pouvoir ? ».

Par corollaire, l’oligarchie conciliaire au pouvoir justifie, sur le plan politique, la fable de La Fontaine : « la raison du plus fort est toujours la meilleure, nous l’allons montrer tout à l’heure »

Un agneau de la FSSP se désaltérait dans le courant d’une onde pure. Survient un loup de la CEF, qui cherchait aventure, et que la faim en ces lieux attirait. Tout est dit, par la concision du plus français des poètes.

La FSSP, née du refus des sacres d’Econe en 1988, est, pour les diocèses français, une invitée, et une invitée encombrante. Cette situation est radicalement différente de celle de la FSSPX, qui exerce le culte catholique traditionnel dans ses propres locaux. Elle n’est donc pas expulsable. Le pari implicite de la FSSP, c’est d’exploiter les lois de l’hospitalité, au profit de sa mission sacrée. Tout évêque réellement catholique devrait se réjouir du renfort catholique apporté par toute fraternité sacerdotale se soumettant à l’évêque du lieu. Si, à l’instar de la FSSPX qui, à la suite de Mgr Lefebvre, déclare refuser la Rome conciliaire, moderniste et néo-protestante, un tel préambule était présenté par la FSSP comme non-négociable, le plus conciliant des évêques hexagonaux déclinerait un renfort aussi catégorique, fût-il argumenté. Tel est pourtant l’antagonisme incontournable.

La FSSP, elle, se garde de mordre la main qu’elle sollicite. Mais pour montrer patte blanche et redoubler d’aménité, elle serait bien naïve d’imaginer tromper durablement l’ennemi. Le succès de la FSSP repose sur la cohérence et le zèle, lesquels procèdent d’une foi qui n’est pas celle de l’oligarchie diocésaine. Laquelle, pour servir l’imposture, n’est pas assez gourde pour ne pas s’en apercevoir.

La salve ciblant Paix Liturgique n’est pas nouvelle. PL fait souffrir la FSSP, au point de donner à cette souffrance une tournure obsédante. PL, abusant, parait-il, des libertés ouvertes par internet, est désigné comme un ennemi que la FSSP et la CEF ont en commun. PL, ce n’est rien ni personne, mais si PL n’existait plus, tout irait pour le mieux dans l’Église conciliaire. Celle que la FSSP se défend de dénigrer. Dont acte.

L’oligarchie diocésaine affecte de penser que PL est, à l’instar du salon beige, une émanation de la FSSP. En laissant croire qu’il suffirait que la FSSP tape sur ses propres éphèbes pour montrer son esprit de communion diocésaine, l’oligarchie recherche un clivage, et la FSSP tombe dans le panneau, prête à se renier elle-même.

De fait, et la FSSP en souffre évidemment, c’est que toute protestation à l’encontre de PL glisse sur cette officine comme l’eau sur les plumes d’un canard. Les déclarations d’hostilité ont beau se multiplier de la part de la FSSP à l’encontre de PL, l’oligarchie diocésaine n’est pas prête à lui donner le moindre quitus, tant l’assimilation de PL à la FSSP oblige cette dernière à dénier la réalité de ses propres choix vitaux, c’est à dire les raisons mêmes de son succès. La FSSP pensait reconstruire l’Église par le bas ? La voilà sommée de s’assimiler ou de « foutre son camp ».

La réalité diocésaine est fort claire : une oligarchie missionnée pour désarrimer l’Église Catholique de son Histoire sainte promeut la révolution conciliaire pour que l’institution bimillénaire serve désormais l’objectif horizontal appelé « fraternité universelle », et non celui du Salut des âmes. L’Ennemi du genre humain n’est ni dupe, ni accessible au remords. Au très épicurien « pour vivre heureux, vivons cachés », la FSSP doit accoler ouvertement, enfin, le chaos que le Concile a installé dans l’Église, après avoir recherché la cohabitation pacifique, et fait preuve d’une certaine discrétion face à plus fort que soi.

Mais plus la FSSP se taira face au concile, plus elle désorganisera ses propres réseaux en les privant d’une compréhension d’ensemble. Sous le pontificat actuel, la confusion des esprits s’accroît inexorablement. PL ne craint pas de décrire ce chaos. Si la FSSP n’est pas plus offensive, elle s’expose à dévoiler sa peur du combat, et à ruiner son œuvre de Salut des âmes.