Notre lettre 1108 publiée le 26 septembre 2024

LES ENNEMIS DE LA PAIX

ONT PERDU

MAIS NOUS N'AVONS PAS

ENCORE GAGNÉ !

MAIS QUAND SE TROUVERA-T-IL
DES ÉVÊQUES QUI AURONT LA LUCIDITÉ
ET LE COURAGE
DE FAIRE UN BILAN DE L'APRÈS-CONCILE ?

Concernant les ennemis de la paix, et pour résumer la situation présente, j’ai l’habitude de dire : « Ils ont perdu, mais nous n’avons pas encore gagné ! » J’ajoute qu’ils ne savent pas qu’ils ont perdu. Ils se comportent comme dans les années de l’après-Concile, où tout semblait permis aux réformateurs. Mais ce n’est plus le cas et si, aujourd’hui, dans les champs de ruine que représente la pastorale de l’Église, ils sont toujours arrimés à leur idéologie, le petit reste des catholiques n’est plus avec eux.

La preuve : ce que sont devenus les vocations. Le tout petit nombre de jeunes gens qui restent dans les séminaires diocésains ont un profil toujours plus semblables à ceux qui vont en nombre vers les séminaires traditionnels (les chiffres de la rentrée cette année donnés par l’abbé de Tanoüarn dans Monde et Vie d’octobre à paraître : 25 entrées au séminaire de la FSSP à Wigraztbad, 29 au séminaire de la FSSPX à Flavigny, 12 au séminaire de l’IBP à Courtalain, 21 au séminaire de l’ICRSP à Gricigliano). Car 36% des vocations dans le diocèse de Versailles vont dans les communautés traditionnelles et 11% des vocations dans le diocèse de Paris. Et parmi ceux qui vont encore dans les séminaires diocésains, selon une enquête de La Croix du 22 décembre 2023, et entre ceux-là ceux qui osent répondre aux questions de La Croix, 14 % disent vouloir célébrer selon les deux formes et 7 % espèrent la célébrer régulièrement la messe traditionnelle.

Pas seulement en France. En Espagne, le P. Salvador Barcadit, recteur du séminaire de Barcelone, déclarait à ElPuntaVui.cat le 13 août dernier : « Les séminaristes d'aujourd'hui sont "réactionnaires" ». Il notait « un glissement vers la droite » parmi les séminaristes. À quoi il s’empressait de donner cette explication : « Les nouvelles générations, en temps de crise, recherchent la sécurité et ces styles, ces tendances plus fondamentalistes et plus conservatrices. » Et d’ajouter que les gardiens de l’idéologie veillaient au grain : « Le pape François et les évêques sont préoccupés par cette réalité et veulent essayer de la réorienter. » Le P. Barcadit lui-même, dans son séminaire, fait en sorte de donner à ces jeunes « une vision plus large, un esprit de dialogue et une mentalité plus ouverte à la diversité des personnes. »

Dans le Sud-Est de la France, les évêques de la région ecclésiastique de Marseille se sont réunis pour traiter de cette question. Leur contingent de séminaristes est le plus important de France en raison du nombre des séminaristes de La Castille, au diocèse de Fréjus-Toulon, qui certes n’a aucune rentrée cette année où le coadjuteur, Mgr Touvet, a pris la direction du diocèse, mais qui conserve les séminaristes amenés précédemment par la réputation de Mgr Rey. La solution pour les « recycler » ? Les faire étudier dans des Instituts catholiques, disait l’archevêque d’Aix, en l’espèce au Pôle Théologie et Sciences religieuses de l’UCLy, qui « combine un enseignement de pointe en théologie catholique et des formations pratiques qui répondent aux réalités de l’Église et de la société. »

Et chez nous à Paris, j’ai eu l'occasion de vous dire que de Mgr Ulrich a dans son collimateur, sans doute sur instruction du nonce Migliore, les deux créations d’esprit « classique » (d’un classicisme très relatif) du cardinal Lustiger, à savoir le séminaire de Paris et l’École Notre-Dame. Le séminaire de Paris, réparti en diverses maisons d’accueil dans la capitale, qui avait été créé pour retirer les séminaristes parisiens du séminaire régional d’Issy-les-Moulineaux, à l’époque très « à gauche », est promis à une fusion avec ce dernier. Les séminaristes de l’un et l’autre séminaire, devenus très classiques, auxquels s’ajouterait le séminaire universitaire des Carmes, auprès de l’Institut catholique, seraient tous des élèves de l’Institut catholique de Paris, qui reste un haut lieu progressiste, comme celui de Lyon (ce qui, par le fait, enlèverait sa primauté à l’École Notre-Dame).

Tout ça ne servira de rien. Ou plutôt, cela continuera à décourager les vocations diocésaines, et celles qui resteront seront de plus en plus classiques (soutane dans les chambres, fréquentation des sites traditionalistes sur Internet, messes à Saint-Nicolas-du-Chardonnet ou à Saint-Roch pendant les vacances).

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