Notre lettre 1094 publiée le 4 septembre 2024

QUIMPER – LA FSSP CHASSÉE,

LE DIOCÈSE MALTRAITE

LA MESSE TRADITIONNELLE

ET LES FIDÈLES


Ce dimanche 1er septembre avaient lieu les premières messes traditionnelles à Saint-Sève et Saint-Matthieu de Quimper par les prêtres du diocèse – l'abbé Jean-Michel Moysan curé de Morlaix et le chanoine Hervé Queinnec, vicaire épiscopal en charge des fidèles « attachés au rite de 1962 ! » et chancelier du diocèse. Si ces deux célébrants avaient l'occasion de tenter de soigner les plaies béantes et tenter de réconcilier les fidèles avec le diocèse, cette occasion a été complètement loupée.



Morlaix : les messes traditionnelles diocésaines n'existent pas sur les horaires de messe

Alors que le diocèse prône l'unité des fidèles, celle-ci prend un chemin cahoteux. Les messes de Saint-Matthieu en rite traditionnel viennent tout juste de faire leur apparition sur les feuilles de la paroisse cathédrale de Quimper – jusqu'ici elles n'existaient tout simplement pas. Messe Info n'a pas été mis à jour – seules apparaissent à saint Matthieu les messes anticipées du samedi soir, en rite NOM.

A Morlaix, l'unité a été oubliée en chemin – la feuille de messes pour tout le mois de septembre a carrément rayé Saint-Sève et ses fidèles de la carte. Difficile pour eux d'avoir confiance dans ces conditions.

« A la sortie, des femmes, des enfants pleuraient »

Si seulement la messe pouvait y participer ! A Morlaix, ça semble raté. « Le père Moysan a tout bâclé, même le sermon », relève un fidèle. « A la sortie, des femmes, des enfants pleuraient », constate, dépité, un autre. « Un fidèle lui a dit qu'à la grand'messe il fallait chanter l'Evangile et l'Epître . Il a opposé un refus catégorique. " Si c'est à la messe de s'adapter au prêtre, et pas au prêtre de s'adapter à la messe, c'est mal engagé », s'inquiète un troisième.

De façon générale, « il ne suffit pas d'apprendre à célébrer la messe, encore faut-il qu'il y ait des sermons consistants ; là, nous étions face à une totale vacuité. Contrairement peut-être aux fidèles âgés des messes paroissiales, nos fidèles écoutent les sermons attentivement, ils font partie de ce que le prêtre peut nous apporter à tous », aiguille un autre fidèle du nord-Finistère.



Quimper : le chanoine Queinnec balance une citerne d'essence sur les Breizh

Heureusement que l'été 2024 était plutôt du genre pourri, pas comme l'été caniculaire 2022 où les Monts d'Arrée flambaient et où les pompiers, tenant bon sur la route, avaient réussi à sauver du feu la chapelle saint-Michel de Brasparts qui les domine – elle a depuis été restaurée grâce à un don important de François Pinault. Comme dans les Monts d'Arrée en 2022, l'incendie qui a dévasté saint-Matthieu de Quimper et Saint-Sève est d'origine humaine, et l'un des pyromanes est venu peut-être trop vite célébrer sa victoire, en déversant sur les cendres largement de quoi rallumer l'incendie.

C'est que le sermon du chanoine Queinnec a été remarqué. Et pas seulement pour la référence, au début, aux bienheureux prêtres martyrisés au couvent des Carmes le 2 septembre 1792, béatifiés en 1926 et dont la canonisation est espérée en 2026 – désormais, ils ne sont plus guillotinés, le chanoine Queinnec et ses pareils se contentent de les renvoyer du diocèse sous des prétextes fantaisistes. C'est leur messe qu'ils massacrent.


Argent, pouvoir et jouissance

Puis, après avoir listé les activités paroissiales du bulletin, appelé à inscrire les enfants au catéchisme et démarré son sermon entrecoupé d'une inexplicable prière universelle que le chanoine Queinnec fait remonter au Moyen-Age, logique pour un chancelier venu un peu comme le grand inquisiteur – faute de sorcières et d'hérétiques, ce sont ses propres fidèles qu'il met sur le bûcher – le chanoine Queinnec commence carrément par appeler à donner à la quête – visiblement peu entendu vu le vide qui régnait sur les paniers, puis déroule un cours de droit canonique sur le concile de Trente, qui aurait évité les paroisses personnelles, rayé de la carte certaines congrégations, et tout cela au prétexte de l'unité... dont il reconnaîtra après, auprès d'un fidèle, qu'il faut prier pour l'unité, pas chasser les fidèles au nom de celle-ci.



Argent, pouvoir et jouissance, certainement, d'avoir chassé les prêtres et écrasé les fidèles, dont certains sortent pendant le sermon, écœuré. Mais ne parlez au chanoine Queinnec ni de vertu, ni du Salut, ni d'expliquer le texte du jour – comme il a pris les lectures de la messe VOM, il a donc prononcé dans une traduction un peu différente, sans se les appliquer – sans même, visiblement, les comprendre ?, ces paroles tirées de l'Epitre de Saint-Paul aux Galates : « mes frères, si nous vivons par l'esprit, marchons aussi selon l'esprit. Ne devenons pas avide d'une vaine gloire, nous provoquant les uns les autres […] Ne vous y trompez point, on ne se moque pas de Dieu. Ce que l'homme aura semé, il le moissonnera aussi. Celui qui sème dans sa chair moissonnera de la chair la corruption, mais celui qui sème dans l'esprit moissonnera de l'esprit la vie éternelle ».

Ne lui parlez même pas de remercier le Seigneur. Le chanoine Queinnec a refusé l'action de grâce, et après être sortie en procession, il s'est bien gardé de ressortir de la sacristie, tout à gauche de l'église, pendant que les fidèles faisaient eux mêmes l'action de grâce, tous rassemblés, à genoux dans la nef, après le Salve Regina. Un prêtre qui refuse l'action de grâce, encore un symbole étrange...


Le visage d'une Eglise autiste et enfermée dans sa tour d'ivoire

Le chanoine Queinnec, qui a alterné entre un rictus quasi-content pendant la messe, et des regards pleins de détresse et de vide lorsqu'à la sortie de l'église, engoncé dans son clergyman gris par-dessus lequel il avait passé le surplis et l'ornement vert pendant la célébration, il se faisait reprocher ses paroles par les fidèles, a surtout semé beaucoup de vent. « Le chanoine Queinnec était là presque en évêque – sans en avoir les responsabilités ni la fonction – pour montrer que les fidèles de la messe traditionnelle seront maltraités comme il l'a décidé, en tous points ».

Montrant le visage d'une Eglise en apparence solide, mais en pratique, qui n'a rien compris, rien entendu, qui n'écoute rien, qui est enfermée dans sa logique, sans prendre en compte les signaux d'alerte, sans tenir compte des victimes, et qui déroule un discours bien construit mais inaudible, l'élocution et l'écho n'arrangent rien – le chanoine Queinnec illustre très bien pourquoi des abus ont pu durer des décennies, protégés par l'institution et le silence, pourquoi Bétharram, pourquoi tant d'abus systémiques, pourquoi tant de victimes, pourquoi tant d'impasses, et pourquoi une écrasante majorité des Bretons se sont éloignés de l'Eglise en train de couler...



Pourtant, le chanoine Queinnec est bien au courant de l'opposition des fidèles – il s'est plaint à l'un d'eux du pendu en soutane accroché devant l'évêché à l'Assomption avec une pancarte ''l'évêché m'a tuer''. Pour le chanoine Queinnec, il s'agirait d'un « péché mortel ». Certainement, quand on est en position de lutter contre les abus et que l'on s'assit sur les poubelles, ce n'est pas un péché mortel. S'exprimer, c'est peccamineux. Enterrer la vérité et faire le silence absolu sur les problèmes, au nom de « l'unité », mais surtout, en réalité, des rentrées d'argent et du pouvoir, dans l'ordre des priorités du sermon du chanoine Queinnec – la quête et l'institution, c'est normal et vertueux.

Bref, le chanoine Queinnec, en poste depuis 2017 et donc bien avant le rapport de la CIASE, a déjà pu démontrer qu'il est un official des diocèses de la province ecclésiastique de Rennes perfectible, sauf du point de vue des partisans de l'omerta et de la tranquillité des auteurs d'abus – nous y reviendrons. Il a aussi montré aux quimpérois qu'il est un mauvais pasteur, déterminé à leur donner des pierres plutôt que du poisson, et à multiplier les gaffes plutôt que les pains.

Et tout cela, au nom d'un Monseigneur Dognin auquel toute cette affaire à échappé depuis des mois, mais dont le nom restera attaché à cet immense gâchis. Car l'évêque s'appelle – on a bien pris le temps de vérifier, tant il s'est montré absent des décisions et des actes faits en son nom – Dognin, et non Queinnec.

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