Notre lettre 846 publiée le 1 février 2022

DENIS CROUAN, DEFENSEUR D'UNE LITURGIE NOUVELLE " DIGNEMENT CELEBREE", JETTE L'EPONGE

Le 25 janvier 2022, Denis Crouan qui a publié de nombreux ouvrages, ferraillé, écrit articles et billets pour son blog, a annoncé dans un message (https://www.proliturgia.org/actua.html) très fort, très dur, très désabusé qu’il mettait fin à « l’aventure de Pro Liturgia ». Rendons hommage à ce combattant de l’impossible qui a défendu toute sa vie l’idée qu’il se faisait de ce qu’aurait dû être la liturgie de Paul VI.


Les liturgistes de Vatican II


Si l’on veut bien accorder à Denis Crouan que la nouvelle liturgie va un peu plus loin que ce que demandait absolument Vatican II dans Sacrosanctum Concilium (l’abandon de l’orientation par exemple n’est pas demandé par les pères conciliaires, mais elle était cependant devenue la norme dans la plupart des paroisses durant le Concile), on ne peut pas nier que Sacrosanctum Concilium a mis en œuvre un vaste chantier de réforme liturgique, que ce sont les mêmes acteurs qui ont œuvré et à la rédaction de Sacrosanctum Concilium et à la rédaction du nouveau missel et des autres livres, que le Pape les a légitimement promulgués, et que cette liturgie inventée est marquée au plus profond de sa chair, au nom de la priorité pastorale, par un certain nombre de caractères choisis qui s’expriment par la célébration face au peuple, par l’abandon du latin et du grégorien, par la simplification des rites, par la systématisation des options et l’obligation de faire des choix, par l’amenuisement de l’aspect sacrificiel de la messe, par la diminution du rôle sacerdotal, par l’intrusion du profane dans l’espace sacré…


Le faux exemple de Solesmes


Et quand Denis Crouan parle des « monastères qui ont résisté au vent du modernisme et qui ont reçu et appliqué Vatican II avec foi et intelligence » on voudrait respectueusement lui faire remarquer qu’en réalité ces monastères n’appliquent pas le nouveau missel, ils choisissent d’appliquer quelques options du nouveau missel parmi les nombreuses et très officielles possibilités offertes par la liturgie réformée ; ils ont choisi dans les années 1970 ce qui s’approchait le plus de la liturgie traditionnelle pour maintenir autant que possible la dimension cultuelle et sacrificielle de la liturgie en évitant de se salir les mains dans les batailles difficiles qui marquent douloureusement l’histoire de l’Église depuis 50 ans. Mais ce choix, s’il évite des difficultés de conscience, ne permet pas de freiner le déclin pastoral inédit que vit l’Église au moins en Occident. Ce choix, et c’est le plus dommageable, fait l’impasse sur les trésors théologiques et mystiques qui font de la liturgie traditionnelle ce qu’elle est. Et encore ce choix, comme le remarque Denis Crouan, n’est-il viable que dans des communautés monastiques grâce à l’unité vécue autour du père abbé, ce que ne permet absolument pas la vie des paroisses comme le prouve la mosaïque rituelle des diocèses et églises de France.


Les défenseurs de la liturgie traditionnelle ne capituleront jamais


Dans son message, Denis Crouan écrit :

« Pour se détacher de cette situation ecclésiale devenue délirante et toxique au point de nuire à la paix intérieure et à la foi catholique, il a été décidé de mettre un terme à l’ « aventure » de Pro Liturgia. La situation actuelle et sans avenir, entretenue par un clergé en partie erratique et des laïcs qui ont accepté d’être déboussolés au point de ne plus s’interroger sur ce qu’on leur fait faire au cours des messes, l’exige. Le mot d’ordre de nos évêques est qu’il ne faut confier de messes ni aux “traditionalistes” ni aux fidèles qui respectent les décisions de Vatican II en matière de liturgie mais uniquement à ceux qui malmènent le culte divin. Par conséquent, essayer de discuter avec ces pasteurs mitrés dont la logique est impénétrable fait perdre du temps (et parfois même la foi). »

Si nous comprenons bien sa lassitude et si nous constatons comme lui avec affliction le relativisme horizontal qui règne presque partout en matière liturgique et donc en matière de foi et donc en matière de morale et donc de décadence de la civilisation chrétienne, nous ne pouvons suivre Denis Crouan dans sa capitulation et dans sa renonciation à discuter avec nos évêques et tout le clergé de nos églises et nos frères chrétiens. Cependant, nous ne leur demandons pas que soit respectée et appliqué la liturgie réformée de l’Église car, malheureusement, et c’est bien tout le problème, elle est respectée dans la plupart des cas. Elle l’est quand l’Introït est remplacée par un chant d’entrée, elle l’est quand des enfants déposent leurs œuvres de papier crépon au pied de l’autel, elle l’est quand des femmes font les lectures, elle l’est quand la prière eucharistique n°1 pour les enfants est utilisée, elle l’est quand la paix du Christ se transforme en embrassades fraternelles, elle l’est quand est distribuée à la volée la communion, elle l’est quand…

Nous qui sommes « invisibilisés », traqués, montrés du doigt, moqués, menacés, exilés, ce que nous demandons inlassablement, fermement et filialement, c’est que soit respectée et restaurée la liturgie tout court. C’est que le culte rendu à Dieu retrouve sa verticalité, c’est que la louange et le sacrifice retrouvent le sens qu’expriment admirablement les livres liturgiques antérieurs à la réforme. En un sens, bien plus que les droits des laïques, ce que nous demandons c’est que soient respectés les droits de Notre Seigneur qui n’est pas mort sur la croix pour que le renouvellement non sanglant de son Sacrifice soit traité comme il l’est au nom d’une priorité pastorale déjà faillie.


Non cher Denis Crouan ! La situation actuelle n’est pas sans avenir ! Encore et toujours nous affirmons précisément que c’est la liturgie traditionnelle qui est l’avenir de l’Église.




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