Notre lettre 771 publiée le 16 novembre 2020
SUMMORUM PONTIFICUM 2020 A ROME
SUCCES ET AVENIR !
Paix liturgique : Cher Bruno, si je comprends bien ? vous avez réussi à tenir vos traditionnelles journées Summorum Pontificum à Rome, la quinzaine dernière, malgré les contraintes actuelles ?
Bruno Roma : Rappelons tout d’abord que, depuis près de 10 ans
maintenant, avec le Cœtus Internationalis Summorum
Pontificum et un ensemble d'organisations amies, Paix liturgique, Una Voce, nous
organisons, en principe à la veille de la fête liturgique du Christ-Roi, un ensemble de manifestations
à Rome qui réunissent une sorte d’échantillon
représentatif du peuple Summorum Pontificum.
Paix liturgique : Comment est née cette initiative de réunir une fois l’an « le peuple Summorum Pontificum » ?
Bruno Roma : A l’origine il s’est agi
d’une initiative de Mgr Nicola Bux qui, appuyé par le cardinal Ranjit, alors Secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin,
a eu l’idée d’organiser un pèlerinage à Rome auprès du Siège de Pierre pour rendre grâce
de la promulgation du motu proprio Summorum Pontificum publié en 2007 par Benoit XVI qui
instaurait enfin une vraie paix pour les
fidèles attachés à la liturgie traditionnelle.
Paix liturgique : C’est à partir de cette idée qu’est né le premier pèlerinage ?
Bruno Roma : Tout à fait. Il se déroula en 2011, selon un modèle qui depuis a peu varié : le samedi matin les
pèlerins se réunissent dans une église du centre historique de Rome pour un temps
de prière puis se rendent en procession vers Saint-Pierre où ils assistent à
une messe solennelle à l’autel de la Chaire. Enfin,
le pèlerinage se termine le dimanche par une messe d’action de grâce célébrée à
la Trinité des Pèlerins.
Paix liturgique : Mais il y a déjà beaucoup de processions dans Rome…
Bruno Roma : A ma connaissance
il y en a fort peu qui sortent de leurs périmètres
paroissiaux. Aussi notre procession est-elle étonnante
pour beaucoup de Romains… et de touristes. Le pèlerinage ayant lieu à la fin
octobre, se déroule au cœur des vacances
scolaires de la Toussaint qui sont communes à de
nombreux pays d’Europe. Il se trouve donc à ce moment de nombreuses familles de pèlerins et de touristes
à Rome.
Paix liturgique : Et cela s’est déroulé ainsi chaque année depuis 2011 ?
Bruno Roma : Avec des années plus
fastes que d’autres comme en 2017 où nous
fêtions le dixième anniversaire de la promulgation du motu proprio Summorum Pontificum et
où vinrent de nombreux membres des communautés traditionnelles.
Paix liturgique : Et en plus de la procession ?
Bruno Roma : Au fils des ans d’autres manifestations se sont
greffées au pèlerinage lui-même comme les Rencontres Summorum
Pontificum, qui s’y déroulent depuis
2015 et qui connurent un éclat particulier en 2017 lorsqu’elles furent organisées
de concert avec le congrès annuel de l’association italienne « Giovanni e
tradizione », du Père Vincenzo Nuara, qui
d’ailleurs a demandé aux Rencontres de reprendre le flambeau de son œuvre.
Paix liturgique : Et comment tout cela s’est-il déroulé cette année ?
Bruno Roma : Cette année a été terrible essentiellement à cause des
restrictions qui ont été mises en place en raison du Covid. La principale de ces
contraintes a été celle de la limitation du nombre de fidèles dans les églises… ainsi, dès le mois de mars il nous fut
annoncé que la messe à Saint-Pierre ne pourrait réunir
qu’un maximum de 170 fidèles alors qu’ordinairement nous en réunissons plus de 2000…
Paix liturgique : Qu’ont fait les organisateurs ?
Bruno Roma : Il y avait alors deux options, soit renoncer
immédiatement, croyant la tenue du pèlerinage et
des autres activités absolument impossible à réaliser, soit conserver l’espérance et croire en une possible
amélioration de la situation.
Paix liturgique : C’est ce qui a été fait ?
Bruno Roma : Bien sûr avec des moments d’inquiétude et d’autres
d’espérance. Malheureusement in fine, malgré
l’extrême bonne volonté de la Sacristie de Saint Pierre de Rome et la grande
bienveillance du cardinal Comastri, Archiprêtre de la Basilique, au début du mois d’octobre, à moins d’un mois du
pèlerinage, il s’est avéré qu’il n’était pas
possible de maintenir cette messe qu’aurait dû célébrer le cardinal Sarah, Préfet
du Culte divin.
Paix liturgique : Mais alors vous avez dû renoncer à toute présence ?
Bruno Roma : Pas du tout ! D’abord
grâce à la détermination de nos intervenants nous avons maintenu notre 5ème
Rencontre Summorum Pontificum, qui a pu se dérouler comme prévu le vendredi 23
octobre devant un assez bel auditoire.
Paix liturgique : Autant que prévu ?
Bruno Roma : Non car nous avions
avant ces turbulences plus de 150 participants inscrits, mais les restrictions
sanitaires ont empêché de nombreux participants étrangers de se rendre à Rome.
Néanmoins ce furent plus de 90 personnes qui participèrent à toute ou partie de
la journée. Notons toutefois que parmi ces participants nous eûmes la joie de
compter de nombreux courageux venus d’Allemagne, d’Angleterre, d’Espagne du Portugal mais aussi de France et d’Italie.
Paix liturgique : Quels étaient vos intervenants ?
Bruno Roma : Plusieurs d’entre eux
ont été empêchés de venir comme notre ami Trinidad Dufourq, qui devait nous
parler du développement de la tradition en Argentine, et l’abbé Antony Ike, du
Nigéria, qui devait évoquer pour nous le sujet de l’africanité confrontée à la
tradition catholique. Mais rien n’est perdu et ces deux intervenants seront à
Rome si Dieu veut pour notre 6ème Rencontre
en 2021.
Paix liturgique : Et quels furent les
intervenants de cette année ?
Bruno Roma : Ils furent au nombre de quatre. Tout d’abord, nous eûmes le privilège d’écouter Mr. Joseph Shaw, chairman de la Latin Mass Society, nous présenter ses réflexions sur le concept de Tradition. Une étude de grande qualité, que nous publierons dans une prochaine lettre de Paix liturgique.
Paix liturgique : Et ensuite ?
Bruno Roma : Nous eûmes le bonheur et le privilège d’assister à une magnifique conférence prononcée par son éminence le cardinal Raymond Burke dont nous avons déjà publié le texte dans notre lettre 769 du 4 novembre. Comme le disait cette lettre, il est à nouveau apparu comme une sorte de cardinal protecteur de la mouvance Summorum Pontificum dont il a souligné les efforts, et a salué tous ceux qui ont œuvré et qui œuvrent pour la messe traditionnelle, en les exhortant, à travers leurs représentants réunis à Rome, à développer toutes les virtualités du motu proprio de Benoît XVI.
Paix liturgique : Ce fut ensuite le temps des Rencontres proprement dites...
Paix liturgique : Puis les travaux reprirent.
Bruno Roma : Avec une très intéressante intervention de Jean de Tauriers qui nous présenta les dimensions internationales et missionnaires du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté, qui est le modèle historique des grandes manifestations pieuses de la messe traditionnelle.
Paix liturgique : Et enfin une conclusion prononcée par Christian Marquant
Bruno Roma : En fait plus qu’une conclusion, car en une heure Christian Marquant essaya de brosser devant nous une histoire de notre attachement à la liturgie traditionnelle, en insistant sur le fait que c’était cette extraordinaire résistance qui avait invité les autorités romaines à nous tolérer puis à nous réintégrer de plein droit dans l’aire liturgique officielle, alors que certains auraient voulu nous faire croire, tout au contraire, que nous n’existerions qu’en raison de cette tolérance.
Paix liturgique : Cela fait-t-il une grande différence ?
Bruno Roma : Bien sûr car dans le
second cas nous n’existons que parce que certaines autorités l’ont voulu et
accepté, alors que dans l’autre nous existons à cause de notre attachement à
notre foi catholique et nous n’avons pas à craindre un hypothétique
« retour de bâton » de la part de certains malfaisants qui pourraient
essayer de supprimer aujourd’hui les bienfaits qui nous ont été reconnus hier.
Paix liturgique : Votre journée était alors terminée ?
Bruno Roma : Non pas, car elle s’est
conclue par une magnifique cérémonie dans l’église Sainte-Marie-des-Martyrs,
c’est-à-dire au Panthéon, où le recteur a pu accueillir 170 fidèles ( l'an dernier nous nous y retrouvâmes à 750 ) pour les
vêpres pontificales de Saint-Raphaël.
Paix liturgique : Des vêpres pontificales ?
Bruno Roma : Oui, grâce à notre ami
don Giorgio Lenzi, nous eûmes la joie d’accueillir Mgr Janfranco Girotti, évêque titulaire de
Méta, et Régent émérite de la Pénitencerie Apostolique, qui présida une belle
cérémonie organisée par les prêtres de l’Institut du Bon Pasteur.
Paix liturgique : Ce n’est pas la première
fois que vous organisez une cérémonie le vendredi au Panthéon ?
Bruno Roma : C’est désormais une
tradition qui fait le trait d’union entre la Rencontre et le pèlerinage. C’est
surtout un magnifique temps de prière enrichi par des musiques presque célestes,
qui nous donnent, en ce lieu privilégié, un avant-gout du Paradis.
Paix liturgique : Et que se passa-t-il le
samedi car si j’ai bien compris la procession du samedi avait été rendue
impossible par les mesures sanitaires ?
Bruno Roma : Effectivement c’est
pourquoi notre temps fort Summorum Pontificum se termina-t-il le samedi midi
par une belle messe pontificale d’action de grâce, célébrée par le cardinal
Burke dans l’église de la Trinité des Pèlerins, portes fermées, mais pleine
d’une foule de représentants du peuple
Summorum Pontificum de toutes les parties du monde, heureux de participer à cette belle cérémonie.
Paix liturgique : Deux belles journées
malgré les circonstances.
Bruno Roma : Tout à fait mais nous espérons que l’an prochain notre Rencontre et le Pèlerinage Summorum Pontificum pourront se dérouler normalement et déjà nous nous y préparons.
Paix liturgique : Déjà ?
Bruno Roma : Oui, déjà tous les organisateurs sont à pied d’œuvre pour ce nouveau temps fort du peuple Summorum Pontificum, qui se déroulera les 29, 30 et 31 octobre 2021 sous le patronage de Mgr Salvatore Cordileone archevêque de San Francisco.