Notre lettre 1136 publiée le 7 décembre 2024
APRÈS BIEN D'AUTRES
LE RITE MAYA EST ARRIVÉ
ALORS QUE TRADITIONIS CUSTODES
AVAIT TANT INSISTÉ
SUR L'INDISPENSABLE "UNITÉ RITUELLE"
C’est tout nouveau, ça vient de sortir : le rite maya est arrivé. Avec l’approbation du Pape, le Dicastère pour le Culte divin a accordé le 8 novembre dernier la recognitio de « quelques adaptations liturgiques pour la célébration de la Sainte Messe » au Mexique, dans le Tseltal, Tsotsil, Ch’ol, les ethnies Tojolabal et Zoque du diocèse de San Cristóbal de Las Casas.
Je vous avais déjà dit que ce rite était en préparation. On en connaît désormais les détails. C’est le cardinal mexicain Felipe Arizmendi, évêque émérite de San Cristóbal de Las Casas et responsable de la doctrine de la foi dans la Conférence des Évêques du Mexique, qui a annoncé la nouvelle dans une tribune publiée par Exaudi (Cardinal Arizmendi : Adaptations liturgiques indigènes – Exaudi)
Encensements par une, deux ou trois femmes, à la place du prêtre, de l’autel, des images, du livre de l’évangile, des ministres et de l’assemblée, et ce avec un encens typique de la culture concernée ; prières dites par un laïc, homme ou femme, dit « principal » ou « principale », qui se tient à côté du prêtre comme un quasi-concélébrant ; danses rituelles à l’offertoire, dans la prière des fidèles ou lors de l’action de grâce après la communion, qui sont de mouvements de l’ensemble de l’assemblée, « monotones, contemplatifs », accompagnés de musique traditionnelle ; usage de coquillages mayas, qui servaient jadis pour communiquer avec les ancêtres ; allumage de bougies mayas qui permettent d'entrer en contact avec d'autres personnes vivantes ou décédées et avec « notre sœur la Terre Mère » ; sorte d’autel maya, dit « offrande maya », qui porte des produits de la terre et du travail des hommes, plantes, fleurs, fruits, graines, et encore des bougies de différentes couleurs pointant vers les quatre points cardinaux plus ou moins divins chez les mayas.
Il importe de souligner cette présence au cœur de la célébration d’un laïc, homme ou femme, dits principal ou principale, qui sont comme des chefs ou cheffes locaux et qui dirigent ainsi certaines parties de la prière communautaire, au début de la messe, quand commence la célébration, pour énoncer les intentions, demander pardon, diriger la prière des fidèles.
Le cardinal Arizmendi estime que cette concession faite aux mayas est très significative, comme l’avait été l’adaptation rituelle pour les diocèses du Zaïre. À quoi il ajoute que s’il y a des déviations dans certaines coutumes indigènes, elles sont, non pas purifiées de leur paganisme, comme on le disait classiquement à propos de tout processus d’inculturation, mais qu’elles atteignent ainsi « leur plénitude dans le Christ et dans son Église ». Ce qui est parfaitement conforme avec l’étrange théologie du dialogue interreligieux qui donne une consistance aux religions non chrétiennes, incomplètes plutôt que fausses.
Il faut tout de même dire que des historiens et anthropologues sérieux discuteraient du bien-fondé de ces prétendus emprunts à la culture et à la religion maya de l’époque précolombienne. Religion effrayante, avec son monde souterrain infernal et son invraisemblable multitude de dieux qui répondent bien à la parole du psaume 95, 5 « leurs dieux sont des démons », tant ils étaient assoiffés du sang répandu lors des sacrifices humains, ceux des prisonniers, des esclaves, des enfants, notamment orphelins et enfants illégitimes que l’on achetait spécialement pour l’occasion.
Il faut aussi noter que l’appellation « rite maya » est abusive. En fait, il s’agit d’adaptation introduite dans le rite romain : tant le Dicastère pour le Culte divin que le cardinal Arizmendi sont très clairs sur ce point. Du coup, la question évidente qui vient à l’esprit a encore plus de force : si on peut célébrer le rite romain à la manière zaïroise, à la manière maya et demain à la manière amazonienne, pourquoi ne pourrait-on pas aussi le célébrer dans la forme traditionnelle, où il porte le visage de la culture dans laquelle il a été si profondément enraciné ?
Je ne suis pas le premier à poser cette naïve question, vous vous en doutez. Au Mexique, où cette affaire fait grand bruit, elle a été largement soulevée par les traditionnels. Du coup, le cardinal Arizmendi a pris la mouche (Desde la fe, 26 novembre, Jesucristo celebró la eucaristía inculturada) et a prétendu que leurs réactions témoignaient d’une « ignorance liturgique ». Selon lui, il n’y a « rien de païen ou de contraire à la foi catholique » dans ces « ajustements » liturgiques. Et en outre, « les traditionalistes veulent que la messe reste inchangée et préserve le rite romain tel qu'il était avant le Concile Vatican II, mais ni Jésus ni les Apôtres n'ont célébré avec le Missel tridentin ». Ni avec le rite maya, pourrait-on lui faire remarquer. Et le cardinal ajoute cette solennelle, disons ânerie : « Celui-ci [le missel tridentin] ne date que du XVIe siècle. » Avec des savants comme le cardinal Arizmendi et comme le cardinal Roche, qui a dit à peu près la même bêtise, la liturgie romaine est dans de bonnes mains…
Chers Amis veilleurs, nous qui sommes traités moins bien que les Zaïrois, les Mayas et les Amazoniens, nous continuerons à lutter pour le rite romain traditionnel persécuté. Nos chapelets parisiens devant les bureaux de l’archevêché, 10 rue du Cloître-Notre-Dame, du lundi au vendredi, de 13h à 13h 30, à Saint-Georges de La Villette, 114 av. Simon Bolivar, XIXe, le mercredi à 17h, devant Notre-Dame du Travail, 59 rue Vercingétorix, XIVe, le dimanche à 18h15, sont une demande instante vers le ciel et une protestation constante vers nos pasteurs : « Rendez la liberté à la messe traditionnelle ! »
En union de prière et d’amitié.
Christian Marquant