Notre lettre 1098 publiée le 12 septembre 2024
LA CLÉ DU SUCCÈS DU QUATRIÈME PÈLERINAGEDE NUESTRA SENORA DE CRISTIANDADD'OVIENDO À COVADONGA :UN ATTACHEMENT FILIAL HÉROÏQUE À L'ÉGLISE ET À LA TRADITION
Les 27, 28 et 29 juillet s’est déroulé en Espagne le quatrième pèlerinage à Covadonga, organisé par "Nuestra Señora de la Cristandad ". Cette association a lancé son premier pèlerinage en 2021, en s'inspirant du pèlerinage de Chartres. Dès le départ, le succès a été au rendez-vous, avec plus de 400 pèlerins. L'édition 2022 a dépassé toutes les attentes en réunissant 1 000 pèlerins. Celle de l'année dernière en comptait 1 200. Mais le pèlerinage de 2024 a réuni plus de 1 600 pèlerins !. C'est quatre fois plus que lors de la première édition. Nous avons demandé à notre mi Pedro Cortés de la Vega de nous en dire plus.
Paix Liturgique : Cher Pedro, vous revenez vers nous pour nous parler du 4ème pèlerinage de Covadonga. Qu’avez-vous à nous en dire ?
Pedro Cortés de la Vega : D’abord je ne voudrais pas ennuyer vos lecteurs en me répétant. C'est pourquoi j’inviterai ceux qui veulent connaître l’histoire et les motivations de notre pèlerinage à lire la lettre 949 que vous avez publiée il y a un an et dans laquelle vous m’aviez posé de nombreuses questions sur son histoire et nos motivations. Je vais insister aujourd’hui sur notre pèlerinage de 2024 qui a été tout simplement magnifique.
Paix Liturgique : Sur quel parcours ?
Pedro Cortés de la Vega : Le parcours, entre la cathédrale d'Oviedo et la basilique de Covadonga, est de 96 kilomètres, parcourus en deux jours et demi. Comme d'habitude, le point de regroupement des pèlerins a eu lieu dans la cathédrale d'Oviedo où Mgr. Jesús Sanz Montes, l’évêque du diocèse a béni les pèlerins au début de leur marche. Avant cela, il leur a adressé quelques mots d'encouragement, parmi lesquels cette phrase : "Ne vous laissez pas décourager par les épreuves dans lesquelles votre appartenance filiale à la Sainte Mère l'Église devient difficile et même héroïque".
Paix Liturgique : Courageux en effet au vue des circonstances
Pedro Cortés de la Vega : Cette affirmation était, en effet, tout à fait pertinente au regard des circonstances. Tout d'abord, parce que ceux qui aiment la Messe traditionnelle voient toujours leur appartenance filiale à l'Église mise à l'épreuve. Les persécutions constantes subies de la part des autorités ecclésiastiques font même douter certains d'entre eux d'être vraiment des membres à part entière de l'Église. Continuer à se considérer comme un enfant de l'Église après tout ce qui s'est passé est vraiment quelque chose de difficile et d'héroïque.
Paix Liturgique : A ce point ?
Pedro Cortés de la Vega : Vraiment, en rappelant que deux semaines avant le début du pèlerinage de cette année, l'archidiocèse d'Oviedo a informé les organisateurs du pèlerinage que le Saint-Siège avait interdit que la messe finale du pèlerinage, selon la forme extraordinaire du rite romain, soit célébrée à l'intérieur de la basilique de Covadonga, le but final de notre pèlerinage. Cette interdiction fait-elle suite à une question posée à Rome par l'archidiocèse lui-même ou est-elle le fruit d'une initiative du Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements ? Quoi qu'il en soit, la phrase de Mgr Sanz Montes s'applique parfaitement à ce que les pèlerins ont vécu là-bas.
Paix Liturgique : Mais cela a-t-il eu des conséquences fâcheuses pour le bon déroulement du pèlerinage ?
Pedro Cortés de la Vega : Pas vraiment car si la plupart de nos amis ont été profondément choqué par une pareille décision discriminatoire, cette interdiction a plutôt engendré un mouvement de sympathie en notre faveur. D’ailleurs je crois que c'est la raison principale pour laquelle nous avons réuni cette année 1600 pèlerins, c’est-à-dire 4 fois plus que lors du premier pèlerinage. Nous sommes convaincus que si cette persécution se poursuit nous seront encore plus nombreux l’an prochain. Parce que comme me l’a dit un groupe de pèlerins de Madrid « Notre participation au pèlerinage de Covadonga est en quelques sorte notre participation au mouvement synodal… qui ne doit pas concerner seulement des acteurs désignés ». Ils n’ont pas tort car nous sommes en train de devenir le plus important pèlerinage de jeunes d’Espagne et c’est en effet un bon moyen d’intervenir par la prière dans le processus de consultation des souhaits des laïcs.
Paix Liturgique : Mais qui étaient vos pèlerins ?
Pedro Cortés de la Vega : Le pèlerinage était constitué de 32 chapitres, pour la plupart espagnols. Mais il y avait 8 chapitres étrangers venant de France, du Portugal, du Mexique, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et d'autres pays. La présence d'étrangers a également battu tous les records. Compte tenu de la publicité faite autour de l'interdiction de la messe dans la basilique et des répercussions qu'elle a eues dans le monde catholique traditionnel, on espère que l'année prochaine, beaucoup plus de pèlerins viendront de l'extérieur de l'Espagne. Dans tous les cas le nombre de 1600 pèlerins est exceptionnel et constitue une bonne réponse aux attaques presque pathétiques des ennemis de l’unité et de la tradition !
Paix Liturgique : L’émergence d’une jeunesse catholique espagnole...
Pedro Cortés de la Vega : La grande majorité des participants avaient moins de 30 ans, ce qui confirme une fois de plus que la Tradition est jeune. Et que la Tradition est de plus en plus vivante dans l'Eglise catholique espagnole !
Paix Liturgique : Que se passe-til pendant le pèlerinage lui-même ?
Pedro Cortés de la Vega : Tout au long du chemin, les pèlerins n'ont cessé de prier le chapelet et de chanter. L'atmosphère de prière était palpable. Le premier soir, il y a eu une adoration du Saint-Sacrement après le dîner. Le deuxième soir, il n'y a pas eu d'exposition du Saint-Sacrement, mais il y avait une tente ouverte avec un tabernacle, de sorte que de nombreux pèlerins se sont rassemblés pour adorer leur Seigneur à genoux.
Paix Liturgique : Des prêtres vous accompagnaient ?
Pedro Cortés de la Vega : Oui une cinquantaine de prêtres étaient présents pour confesser et prier à nos cotés, il y avait sur les bivouacs des endroits où des autels étaient dressés pour que des messes privées puissent être célébrées. Il faut souligner la présence constante des servants d'autel, souvent jeunes, toujours prêts à servir la sainte messe. Les trois grandes messes du pèlerinage, toutes célébrées solennellement avec diacre et sous-diacre, furent toutes célébrées en plein-air.
Paix Liturgique : Avec une chorale ?
Pedro Cortés de la Vega : Un petit, ou plutôt, un grand miracle car la magnifique chorale s’est constituée pendant le pèlerinage lui-même. Elle était d'un très bon niveau et a concouru à la sacralité et à la beauté des célébrations.
Paix Liturgique : Tout cela nécessite une grosse organisation.
Pedro Cortés de la Vega : Surtout de nombreux volontaires qui cette année étaient plus de 200.
Paix Liturgique : Et la cérémonie finale à Covadonga ?
Pedro Cortés de la Vega : A l'arrivée à Covadonga, la basilique s'est rapidement remplie. Un sermon a ensuite été prononcé par Mgr. Marco Agostini, cérémoniaire pontifical et fonctionnaire de la Secrétairerie d'État qui était venu spécialement de Rome pour soutenir notre pèlerinage. Le sermon a porté sur l'histoire du lieu où le roi Pelayo, en 718, a commencé à repousser la présence des Sarrasins. Ce mouvement fut à l'origine de la reconquête de la péninsule ibérique par la foi catholique. Mgr. Agostini a également mis l'accent sur les principes et l'importance de la chevalerie. Après son sermon dans la basilique de Covadonga, le Saint-Sacrement a été exposé et une série de prières ont été dites. Enfin, un Te Deum solennel a été chanté en action de grâce pour le succès de la 4ème édition de ce pèlerinage.
Paix Liturgique : Mgr Agostini a-t-il pu célébrer la messe ?
Pedro Cortés de la Vega : Oui mais pas dans la basilique parce que je vous rappelle que cela nous avait été interdit. Il a donc célébré en plein air à 6h30 du matin, dans le dernier camp où les pèlerins ont dormi.
Paix Liturgique : Alors êtes-vous prêt à repartir ?
Pedro Cortés de la Vega : Si Dieu le veut comme pour la Reconquête nous préparons déjà le pèlerinage de 2025 mais ni le courage ni l’enthousiasme de servir notre maitre le Christ-Roi ne nous manquent. Viva el Cristo Rey !