Notre lettre 993 publiée le 29 décembre 2023
LE DIOCESE DE QUIMPER
CE MICROCOSME
OU L'ON SEMBLE OUBLIER
LES REALITES ET L'HISTOIRE
En d’autres lieux et d’autres circonstances, feu Mgr Brincart, évêque du Puy en Velay, avait commis un aphorisme particulièrement mal inspiré : « le silence de l’Eglise est pour le bien des âmes ».
Autrement dit, quand l’Eglise ne dit rien, alors qu’on désespère d’obtenir des éclaircissements légitimes de la part du Magistère, c’est pour votre bien, mes enfants.
Tant de lâcheté ou de démission élevée au statut du grand art, voire du bien suprême, voilà l’imposture dont le diocèse de Quimper, volens nolens, a l’opportunité de faire litière. Sur fond de déchristianisation forcée de terres autrefois fécondes et pieuses, le regain de la Tradition est, d’abord et avant tout, le retour progressif au respect des droits de Dieu chez ses baptisés. Et ça change tout.
L’actuel curé de Landerneau conteste l’existence de « groupes stables » qui fussent en droit de bénéficier des dispositions du motu proprio du 07/07/2007. Il s’émeut de la division croissante des catholiques du diocèse, notamment depuis l’arrivée de la FSSP en 2016, par l’effet d’attraction que les services proposés là, et pas ailleurs, ou pas au même niveau de qualité, servent aux fidèles.
L’abbé Erwan de Kermenguy, du haut de ses 38 ans et de sa trottinette, curé de « Notre Dame de Tout-Remède » est colère. Quelle en est la raison ? Elémentaire, mon cher Erwan ! C’est l’attractivité, et pour tout dire le charisme, des prestations traditionnelles, telles qu’elles furent offertes, durant des siècles, dans les paroisses diocésaines, et qui reviennent aujourd’hui concourir au bien des âmes.
Il est vrai que la gentry bretonne, et notamment celle qui fut élevée à l’eau bénite, a largement collaboré avec le clergé conciliaire pour faire préférer le culturel au cultuel. Les familles favorisées ont payé comptant cette apostasie molle. La particule endiablée, stimulée par quelque fibre féodale non éteinte, désignait le sens de l’histoire, par promotion de la paix, donnant son quitus à la vérité d’hier. Mauvaise pioche !
Ce que n’a pas connu l’abbé de Kermenguy, 38 ans pour mémoire, ce sont les années de plomb du pontificat de Paul VI. Années d’enfouissement, de désertion politique sur les thèmes de société, de liturgies bâclées, de défrocages en masse, de vocations en berne. On ne saurait lui reprocher sa jeunesse, mais on peut regretter son ignorance de l’histoire récente de l’Eglise.
L’abbé n’a pas pu connaître les scandales les plus délétères, mais l’extrême médiocrité servie par les paroisses « respectant le droit de l’Eglise », et la désertion corollaire au titre de l’ennui, est-ce si lointain ? L’appauvrissement du vocabulaire religieux au profit d’un « amour » ou d'un " Esprit de Dialogue" mis à toutes les sauces pour crétiniser les esprits, n’est-ce pas encore d’actualité ?
Les ainés, ceux qui ont été au catéchisme et ont appris l’obligation d’aller à la messe le dimanche, s’astreignant à leur vie paroissiale par habitude, y ont reçu la ration du soldat, dont les qualités gustatives n’étaient pas le premier attrait. On faisait contre mauvaise fortune bon cœur. Mais leurs enfants ont dit « basta ». Logiquement. Si Dieu pardonne tout, on ne Lui doit rien…
Le curé de Landerneau n’a pas tort de dénoncer une concurrence déloyale. A son pain rassis, des finistériens préfèrent la brioche de la FSSP. Jamais, sauf totalitarisation du diocèse, ils ne choisiront le pain rassis, s’ils ont le choix. Fort de son constat, l’abbé peut toujours opter pour la brioche. Le prêtre, en lui, gouterait une paix nouvelle, au risque, inévitable, du désamour de son évêque. Mais n’est-ce pas ce dernier qui a introduit la brioche au pays du pain (devenu) rassis ?