Notre lettre 987 publiée le 19 décembre 2023

QUIMPER ENCORE...

POURQUOI NOUS AVEZ-VOUS ABANDONNE ?

Mgr Dognin, un évêque pour qui Jésus a donné sa vie pour les migrants


En mai 2013, alors qu'il est encore auxiliaire de Bordeaux, Mgr Dognin est l'évêque accompagnateur de la Pastorale des Migrants. Il a notamment pris la parole lors du forum «Migrants et non-migrants : agir pour le changement dans l’Eglise et dans la société ». Il y fait des propositions concrètes pour donner plus de place aux migrants dans les communautés chrétiennes, en enfonçant un chapelet de portes ouvertes.

« J’ai souligné le fait que les migrants sont une grande richesse pour l’Eglise. Premièrement, parce que les migrants accueillent les migrants, notamment au sein des aumôneries nationales. Elles font un gros travail pour faciliter leur insertion dans l’Eglise et en France [...] les migrants chrétiens qui arrivent en France, avec une autre expérience d’Eglise, enrichissent l’Eglise en France. […] Je fais la proposition d’accueillir les migrants chrétiens et de les écouter : ils ont quelque chose à apporter à notre Eglise. Je pense par exemple aux prêtres et aux religieux et religieuses étrangers. Comme évêque, on est heureux de les accueillir dans un diocèse : on a besoin d’eux ! L’accueil du migrant est une demande du Christ ! [...]

Les chrétiens défendent la dignité de la personne et l’unité des familles. On ne peut pas accepter que les gens soient maltraités. Nous devons informer les élus, mais de façon pertinente, sur ce qui est source d’injustice. Les chrétiens y contribuent, au sein d’associations et avec d’autres. En contact avec les personnes, on voit bien les effets de la loi. On ne peut avoir ni travail ni logement sans papiers. C’est pourquoi se développe le travail au noir. C’est notre rôle de souligner les incohérences et de dire à l’Etat que quelque chose ne va pas ».


Dans un numéro de Documents épiscopat, en février 2014, Mgr Dognin revient à la charge,


abondamment cité par le blog Doctrine sociale de la Croix en mai de la même année : « Il n’est pas possible d’empêcher les flux migratoires comme on ferme un robinet ! Le reconnaître ne prive pas les pays de leur droit de définir les conditions d’entrée et d’installation durable sur leur territoire. Un afflux non maîtrisé provoquerait un chaos social dont les premières victimes seraient les personnes les plus fragiles, notamment les migrants déjà arrivés qui essaient de s’intégrer dans notre pays. Mais filtrer ne signifie pas bloquer […]

Nous ne pouvons pas avoir un regard ajusté sur les personnes migrantes si nous n’avons pas en tête que Jésus a donné sa vie pour eux. Si nous n’avons pas en tête l’appel qu’il nous adresse dans l’Évangile selon saint Mathieu sur le Jugement dernier : ‘ J’étais un étranger et vous m’avez accueilli (…) Tout ce que vous avez fait (ou pas fait) au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait (ou pas fait) » (Mt 25, 35-40) ».

Ce tropisme pro-migrants, Mgr Dognin l'a conservé à la tête de son diocèse breton, déjà en péril quand il est arrivé, même si les premières années, il a aussi été cohérent dans l'accueil en faisant venir la FSSP à Saint-Pol de Léon (avant qu'elle ne soit aussi déplacée vers une « réserve d'indiens » aux confins des paroisses de Morlaix et Saint-Pol à Saint-Sève, la sacro-sainte « unité de l'Eglise » ... souffrant peut-être de voir une chapelle pleine de fidèles dans l'ancienne cité épiscopale du Léon alors que le curé d'alors peinait à remplir sa cathédrale) et à Quimper ( et au final d'exclure la FSSP du diocèse ) ainsi qu'un ex-vicaire de Notre-Dame des Armées à Versailles pour desservir Brest en septembre 2017, l'abbé Gérald de Servigny.

Depuis Traditionis Custodes il s'est engagé à maintenir les trois messes dans son décret d'application, cependant, comme le remarque un autre fidèle quimpérois, « pas les lieux visiblement. On a vraiment l'impression que s'il pouvait nous envoyer sur l'ile de Sein, il ne se priverait pas, après tout sur la carte du diocèse, c'est quasiment la banlieue de Quimper... ».

L'ile de Sein, qui a donné sept curés à elle seule de 1803 à 1968, ainsi que les 128 premiers combattants de la France Libre, qui se battirent sur terre, sur mer et les airs pour la liberté de la France depuis 1940, serait peut-être contente de l'aubaine – elle n'a plus de curé, en 2018 elle était englobée dans une paroisse de 20 clochers autour de Loctudy, et les religieuses quittaient l'ile compagnon de la Libération qui fut un temps « un quart de la France » (libre). Aujourd'hui, elle dépend de la paroisse de Douarnenez, 25 communes – et encore plus de clochers –, du cap Sizun à la grande couronne de Quimper, et il est impossible d'y trouver des horaires de messes réguliers.

Tandis que Mgr Dognin continuait à vouloir accueillir les migrants plutôt que de s'occuper du siège de saint Corentin bien mal en point, l'effondrement du diocèse a continué. Un fidèle quimpérois lui écrivit en 2019 une lettre ouverte qui rappelle quelques vérités :

Monseigneur Dognin,

Cela fait 39 ans que vous êtes prêtre, 8 ans que vous êtes évêque, j’enfonce donc une porte ouverte en rappelant que notre Mère la Sainte Église est la lumière qui guide nos pas pour revenir à Celui qui nous a créés et sauvés : le Christ ressuscité.

Cela fera bientôt quatre ans qu’Elle vous a confié la charge de guider les catholiques de la pointe de Bretagne vers la sainteté. Vous avez donc le devoir devant Dieu, de nous rappeler les vérités révélées par le Christ il y a 2 000 ans et de nous encourager à escalader les pentes escarpées de la sainteté.

Pour ce faire, le Christ nous a légué un moyen d’obtenir son soutien : les sacrements. Vous êtes donc l’intermédiaire que Dieu s’est choisi pour nous apporter ces sacrements.

Quand vous avez pris vos fonctions d’évêque de Quimper et Léon, le journal La Croix détaillait quelques statistiques annuelles pour votre nouveau diocèse :

- 3 800 baptisés (40 % des naissances),

- 380 confirmations (donc 90 % de baptisés qui ne confirment pas leur foi)

- 906 mariages (dont 162 avec une personne non baptisée)

- 92 prêtres et 30 diacres (l’âge moyen du clergé breton était supérieur à 70 ans, combien encore aujourd’hui ?)

- 15 % de pratiquants (au moins 1 fois par mois)

- près du tiers de la population bretonne dans les sondages se déclare « sans religion »

En lisant ces chiffres, vous avez dû tomber de votre trône épiscopal !

Durant vos 31 premières années de sacerdoce en région parisienne, c’était la folie des villes et les foules déracinées qui n’avaient pas toujours entendu parler du Dieu incarné. De telles statistiques en Seine-Saint-Denis ou à Nanterre, pourquoi pas ? […] mais de tels résultats dans des sondages bretons, cette vieille terre catholique, épargnée du protestantisme, éloignée des égarements orientaux des mahométans. Cette terre fidèle et généreuse qui donnait, il y a 60 ans encore, tant de missionnaires. En 1954, 27 jeunes hommes entraient au séminaire de Quimper pour devenir prêtres, 90 % des nouveau-nés finistériens étaient baptisés…

Les causes d’une telle débâcle sont nombreuses, la société rurale s’est effondrée, la famille s’est dispersée, Vatican II a semé le trouble dans la liturgie et la foi. Ces coups de butoir ont mené au détachement silencieux et tranquille de beaucoup de ceux qui furent longtemps fidèles à Notre Seigneur.

Mais par la grâce de Dieu, vous avez décidé de mener fidèlement et courageusement votre mission en redonnant un élan missionnaire, en rassemblant vos dernières troupes fidèles dans le combat que l’Église livre depuis 2 000 ans contre l’égoïsme, les erreurs, le laxisme.

[…] Encourageant vos derniers catholiques donc, vous lancez un grand colloque, organisé par l’observatoire diocésain des réalités sociales, avec des chercheurs du CNRS, des représentants du préfet et du Conseil départemental. Quel en sera le thème ?

Comment ré-évangéliser la Bretagne et les Bretons ?

Comment mieux transmettre la foi et les sacrements, trésors de l’Église ?

Comment refaire de la famille le creuset de la foi, de l’espérance et de la charité ?

Comment affronter les épreuves des temps modernes avec le regard de Notre Dame ?

Ha non… le thème prioritaire pour l’évêché :

Thème principal : « Migrants : Un avenir à construire ensemble »

Je suis perplexe… À votre décharge, je découvre sur votre page Wikipédia que le sujet vous tient à cœur : de 2012 à 2014, Monseigneur Dognin est membre de la Commission épiscopale pour la Mission universelle de l’Église. Responsable du Service national de la pastorale des migrants et des personnes itinérantes (SNPMPI). À ce titre, il participe, aux côtés de dix-huit organisations chrétiennes, à la rédaction d’une brochure consacrée à une réflexion chrétienne sur l’accueil des migrants : « À la rencontre du frère venu d’ailleurs ».

Il est louable de vous investir dans les travaux que vous confient vos supérieurs. Mais… et nous ? Quel est votre plan Monseigneur pour redresser la barre de notre navire de granit breton qui sombre dans les flots tumultueux d’un monde sans Dieu, sans loi, sans devoirs ? Et qui dit sans devoir dit sans droit, y compris pour vos malheureux migrants.

Êtes-vous l’envoyé du Christ, de l’Église, du Pape ? Ou l’envoyé de l’association Welcome, de la Ligue des Droits de l’Homme ou de l’Association brestoise pour l’alphabétisation et l’apprentissage du français pour les étrangers ?

Vous souciez vous de l’état des âmes de Cornouaille et de Léon, ou du gîte et du couvert des populations de passage dans nos ports ?

Comme le rappelait Mgr Athanase Schneider, en réaction à la déclaration du pape François, à Abu Dhabi le 8 février 2019 :

« La tâche la plus urgente de l’Église en notre temps est de se soucier du changement climatique spirituel et de la migration spirituelle, à savoir de ce que le climat de non-croyance en Jésus-Christ, le climat du rejet de la royauté du Christ, puissent être changés en climat de foi explicite en Jésus-Christ, en climat d’acceptation de sa royauté, et que les hommes puissent migrer depuis la misère de l’esclavage spirituel de l’incroyance vers le bonheur d’être fils de Dieu, et depuis une vie de péché vers l’état de grâce sanctifiante. Voilà les migrants dont il est urgent que nous prenions soin. »

Inspiré par la spiritualité de Charles de Foucauld, vous avez apparemment pris pour habitude de pratiquer une fois par mois, une journée de désert. Je vous écris cette lettre en espérant que pendant votre prochaine journée de méditation, vous mettiez en perspective les priorités des missions qui vous incombent.

J’espère que le ton de cette lettre ne vous aura pas froissé mais éclairé. Je me mets à votre disposition pour migrer et aider à migrer vers le Ciel.

Un Breton, fidèle à Jésus-Christ, Christian O

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