Notre lettre 666 publiée le 25 octobre 2018
MGR KOZON , évêque de Copenhague : « MA CULTURE LITURGIQUE VIENT EN GRANDE PARTIE DE L'ANCIENNE LITURGIE »
Ce samedi 27 octobre, Mgr
Czeslaw Kozon, évêque de Copenhague depuis 1995, guidera les pèlerins du
septième pèlerinage international Populus Summorum Pontificum vers le tombeau
de saint Pierre. Évêque du plus grand diocèse au monde, qui comprend tout le
Danemark, les îles Féroé et le Groenland, Mgr Kozon n'hésite pas quand il le
faut à quitter Copenhague pour aller remplacer l'un ou l'autre de ses prêtres
aux extrémités de son diocèse. Pour comprendre la relation que ce pasteur
entretient avec ses fidèles, il suffit de savoir qu'une trentaine de pèlerins
danois sont annoncés à Rome, désireux de lui démontrer toute l'affection qu'il
lui porte.
5 QUESTIONS À MGR KOZON
1) Excellence, l'an dernier,
le pape émérite, Benoît XVI, écrivait dans sa préface à l'édition russe de sa
Théologie de la Liturgie, que « l'occultation de Dieu dans la liturgie est
la cause principale de l'actuelle crise de l'Église » (http://www.ncregister.com/blog/edward-pentin/benedict-xvi-darkening-of-god-in-the-liturgy-is-root-cause-of-current-cris) :
partagez-vous cette réflexion ?
Mgr Kozon : Je ne crois
pas que Dieu soit en général occulté dans la liturgie quand elle est bien célébrée . Mais Dieu, comme les
lieux et les choses sacrées, doit être traité avec le plus grand respect. Le
problème, c'est que les gens souvent ne connaissent pas les vérités
fondamentales de la foi et que, de ce fait, la liturgie n'est pas perçue comme
une expression de la foi. Je dois toutefois dire que les jeunes prêtres, en
particulier, sont très attentifs à ce sujet et célèbrent d'une façon très
digne.
2) Le pape François a a
voulu attirer l'attention de l'Église sur ses périphéries à laquelle appartient
incontestablement votre diocèse, qui s'étend jusqu'aux Féroé et au
Groenland : combien est-ce important pour un catholique, surtout quand il
se trouve éloigné (géographiquement mais aussi, parfois, spirituellement) de
Rome, de manifester précisément sa romanité en venant en pèlerinage auprès du
Saint-Siège ?
Mgr Kozon : Les
catholiques qui vivent isolés en périphérie ou appartiennent à une diaspora ont
un fort sentiment d'appartenance à l'Église universelle. La majeure partie
d'entre eux sont des émigrés qui viennent de grands pays catholiques, avec de
solides traditions. Tous se rendent volontiers à Rome ou en d'autres lieux
saints et en reviennent véritablement confirmés dans la foi.
3) À la fin du mois, vous
serez à Rome pour guider les pèlerins du peuple Summorum Pontificum vers le
Tombeau de l'Apôtre : quelle importance tient la forme extraordinaire dans
votre diocèse ? Et dans votre vie sacerdotale personnelle ?
Mgr Kozon : La messe
selon la forme extraordinaire est célébrée en deux lieux de mon diocèse . À
Copenhague, deux à trois fois par mois et dans un autre lieu moins fréquemment.
À Copenhague, il y a en moyenne une quarantaine de fidèles. On célèbre aussi
volontiers les sacrements et les funérailles selon la forme extraordinaire.
Personnellement, j'ai grandi
avec la forme extraordinaire, alors ordinaire, et suis « entré » dans
la liturgie comme enfant de chœur. J'ai été ordonné prêtre dix ans après
l'introduction de ce qui est aujourd'hui la forme ordinaire mais je peux dire
que ma culture liturgique, par exemple mes gestes et mes déplacements, vient en
grande partie de l'ancienne liturgie. Je ne célèbre pas souvent la forme
extraordinaire mais le fais toujours volontiers quand on me le demande.
4) Le synode de la jeunesse
se tient ces jours-ci or il est connu que de nombreux jeunes sont attirés par
la liturgie traditionnelle : est-ce uj phénomène que vous observez aussi
au Danemark et comment vous l'expliquez-vous ?
Mgr Kozon : Bien que le
nombre de fidèles qui suivent la forme extraordinaire au Danemark soit limité,
il est vrai que de nombreux jeunes s'y intéressent. Je ne sais comment
l'expliquer mais on observe que, chez nous, bon nombre d'entre eux viennent du
luthéranisme.
5) Avez-vous un message pour
les pèlerins ? Une intention de prière à leur confier ?
Mgr Kozon : J'espère
que le pèlerinage sera pour eux un affermissement de leur foi et qu'ils
pourront, en rentrant chez eux, partager l'enthousiasme de la foi avec les
autres membres de leur Église domestique et la soutenir par leur zèle.